De grands nuages noirs surplombaient le ciel de Pusan. Les vitres du bus étaient perlées de fines gouttes de pluie n’empêchant en aucun cas de profiter du paysage qui se dressait devant moi. Des Buildings défilèrent à vitesse rapide mais aussi des espaces verts qui contrastaient avec le côté « industriel » de la ville. Cela faisait bientôt trois heures que Sokonie et moi voyagions. Enfin, j’étais persuadée que les voyageurs du bus nous prenaient pour des gens errants vu comment nous étions habillées. Je n’avais pas eu le temps de m’habiller correctement. J’étais affublée d’un legging noir et d’un haut à bretelle qui me servait de tenue pour ce que j’appelais un après midi « cocooning ». J’avais mis des bottes avec de la fourrure à l’intérieur, ajoutez à cela un manteau et vous obtiendriez parfaitement l’image d’une fille à la « cool » qui ne se prend pas la tête au niveau de son apparence. Cette pensée me fit sourire, car à l’intérieur de moi, c’était tout le contraire. Je bouillonnais de rage mais je tremblais de peur. Je sentais l’adrénaline qui s’aventurait dans tout mon corps. Sokonie était pareil que moi, sauf qu’elle était partie en pyjama. Heureusement, elle n’avait pas mis son pyjama rose qu’aimait tant Jason. Il adorait la taquiner sur cet habit car il y était dessiné de petits cochons volants.
Un groupe de personnes me tira de mes pensées. Etrangement, je sentis un certain malaise qui s’installait au fond de moi à la vue de ces individus. Mes poils se hérissaient sans aucune raison et d’un coup, je sentis une bouffée de chaleur qui m’envahissait à son tour. Cependant, le chauffage n’était pas activé dans le bus. Alors pourquoi cette réaction ? Etait-ce un choc thermique ou était-ce dû à ce groupe entièrement constitué d’hommes habillés de noir ? Un freinage brusque de la part du conducteur m’obligea à revenir dans la réalité. Sokonie qui n’avait pas eu le réflexe de s’accrocher, percuta un des hommes que j’observais.
« - Désolé » dit-elle, en s’inclinant, à l’encontre de la personne qui ne lui répondit que par un hochement de tête. La pauvre était devenue rouge telle une tomate bien mûre. Je ne manquais pas l’occasion de lui dire. Elle me tira la langue en guise de réponse. Une voix électronique nous annonça que le terminus était à trois arrêts de là. Encore une dizaine de minutes et nous serions au centre de Pusan. J’étais en quelque sorte impatiente ainsi que Sokonie. Impatiente de commencer les recherches et de retrouver Eléonore. Je regardai de nouveau le message que ma mère m’avait envoyé deux heures plus tôt.
De Maman.
Ma chérie, si tu reçois ce message je t’en supplie, regarde- le. Je suis au courant de ta fugue et c’est du délire de vouloir retrouver ton amie. La police m’a appelé ainsi que ton directeur et le manager. Rentre par pitié aux dortoirs, tes amis sont inquiets et moi aussi. C’est trop dangereux. Laisse la police s’en charger. Je voulais te dire que je t’aimais et met toi en sécurité. Appelle- Moi…
Mais te connaissant, tu n’abandonneras pas. Et je te comprends. Si l’envie t’en prend, va voir ta grand-mère à Pusan. Appelle-la au 0994587459875. Elle pourra t’aider, crois moi. Ce message m’avait permis de trouver une direction et de faire un premier pas vers Eleonore. J’avais expliqué à Sokonie le message de ma mère et n’ayant aucune idée de par où commencer, elle accepta. Mais ce sms m’avait fait prendre conscience d’une chose : j’avais une grand-mère. Etait –elle du côté de ma mère biologique ou de mon père ? J’en saurais plus quand nous la verrons. Je divaguais vers des souvenirs quand je sentis mon téléphone vibré.
De Oppa Jason.
Ramène ton cul immédiatement ainsi que Sokonie, sinon je te jure que je t’en ferais baver quand je vais vous retrouver. Vous êtes folles, dîtes nous au moins que vous allez bien. Il est intelligent ce mec, pensais-je en souriant. Mon gps de mon téléphone pouvait être activé à distance si la police cherchait ma trace. Soudain, un nouveau vrombissement se fit entendre de ma poche. Je regardai mon téléphone et vis un autre message.
De Zelo.
Elena, arrête tes conneries. Reviens à la maison. On ne veut pas te perdre. Ni Sokonie. Elle est comme une sœur pour nous. Alors protège la au maximum et ramène tes fesses au dortoir… Je ne supporterais pas de vous perdre, de te perdre. Une larme coula sur ma joue, ce qui alarma Sokonie. Je lui montrai le message de Zelo. Je la vis se détourner, surement pour cacher ses pleurs. Il était évident que j’avais envie de retourner auprès d’eux mais ce n’était pas possible. Nonore avait disparue à cause de moi. Je devais la retrouver et réparer le mal que j’avais fait. Dire que j’étais venue danser à Séoul pour percer dans le monde de la danse, et voilà que je me retrouve fugueuse à la recherche d’une disparue. Pourtant, ma petite vie tranquille à Paris ne me manquait pas le moindre du monde. Même si la vie en Corée du Sud était devenue plus dure, plus intense, je ne regrettais rien, absolument rien.
Je sentis quelqu’un qui me tapotait l’épaule. Je vis Sokonie qui me montra le terminus au loin. Je me préparai à descendre quand je vis le groupe de tout à l’heure qui descendait aussi. Sokonie me montra son téléphone qui annonçait une trentaine d’appels manqués. Nous devions nous dépêcher de trouver un endroit afin de pouvoir se reposer et échafauder un plan avant que toute la Corée soit au courant de la disparition de trois adolescentes. Le terminus fut annoncé, le bus s’arrêta et nous pûmes enfin respirer l’air frais. J’observais les gens qui parfois avaient des apparences assez extravagantes et je trouvais ça génial. Soudain, une idée me vint en tête.
« - Soko si on allait chez le coiffeur ? Nous faire une petite coupe ! » Lui proposais-je. Elle me regarda, dans un premier temps, interloquée puis je vis un sourire qui se dessinait au coin de sa bouche. Elle m’avait comprise. C était agréable d’être comprise sans parler. Elle opta pour un coiffeur bon marché dans une rue commerçante. L’idée de nous changer de tête n’était pas un caprice mais cela m’était apparu comme une nécessité si nous devions nous cacher. Je pris les devants pour rentrer et expliquer au coiffeur ce que nous souhaitions. Un changement radical. Face à cette demande, le coiffeur me regarda avec un sourire carnassier. Je savais ce que cela signifiait. Il allait se lâcher et tant mieux. Il me fit asseoir et partit chercher une coiffeuse qui s’occuperait de mon amie. Je lui demandai le prix de tout cela et il me regarda cette fois –ci avec une moue adorable. Il m’indiqua que nous payerons que la coupe de Sokonie et que pour moi il me le faisait avec plaisir. Je le regardai, choquée mais heureuse.
Le coiffeur, qui se révélait être un français, s’appelait Nao. Drôle de nom pour un français lui avais-je dis mais il m’expliqua que ses parents étaient tombés amoureux de la Corée du Sud en faisant leur voyage de noces à Séoul. Sa mère étant enceinte, il fut prénommé comme un chanteur de Kpop, disparu dans l’ombre quelques années plus tôt. Il avait un style assez particulier avec ses rastas et sa jupe kilt mais il était adorable et surtout très mignon. Pendant qu’il me posait mes extensions, il me fit passer une photo de sa famille et de sa jolie copine. Elle était à Séoul pour faire des études de droits afin de débusquer les arnaques et les blanchissements d’argents. Cela faisait un an qu’ils étaient ensembles. Tout en me racontant son histoire, je le vis qui commençait à me teindre les cheveux. Je le regardai, méfiante. Il me rassura avec un bisou sur la joue. Je regardai Sokonie, qui semblait en grande conversation sur des chaussures et sur la danse. Nao reporta son attention sur moi après avoir vérifier le travail entamé de sa collègue.
« - Et toi alors, tu fais quoi ici ? »
Je me figeai à sa question. Que devais-je faire ? Que devais-je dire plutôt ? Sokonie avait entendue elle aussi et attendait ave raideur la réponse que j’allais donner.
« - Oh, tu veux pas me dire ? Je comprends ! » Dit-il, en passant à autre chose. Je sentis que je l’avais blessé même si on se connaissait que depuis une heure, maintenant. Il me raconta sa passion pour la danse et me fit même quelques pas durant le temps de pose de ma couleur. Le minuteur sonna, je devais passer au bac pour rincer. Cinq minutes plus tard, je me releva et vis la nouvelle coiffure de Sokonie qui lui allait à ravir. La coiffeuse lui avait fait un carré plongeant de couleur platine. Bon certes, c’était voyant mais on ne la reconnaissait pas. Sokonie, heureuse du changement prit dans ses bras la coiffeuse un peu surprise face à tant de démonstrations affectives.
« -J’espère que moi aussi, j’aurais un câlin à la fin ! » dit Nao, boudeur.
Je rigolai devant un tel personnage. Je me regardai dans la glace et me vis de nouveau , depuis bien longtemps, avec des cheveux longs, très longs. Nao avait opté pour une couleur violine avec des reflets acajou. C’était tellement beau. Il me sécha les cheveux et je pus admirer enfin le travail. Sokonie applaudissait ainsi que la coiffeuse.
« - Voilà ma belle, c’est fini. Tu as vu comment ça te change ! » S’exclama Nao.
Je me regardai, de nouveau dans la glace et me retourna pour faire un câlin à la coiffeuse qui s’appelait Naya ainsi qu’a Nao qui n’arrêtait pas de quémander. Je sortis ma carte de crédit et paya notre dette. Nous allions partir quand Nao nous pria de revenir pour rediscuter.
Je m’arrêtai et me retourna vers lui.
« - Tu sais Nao, si je ne t’ai pas dit ce que je faisais ici, c’est qu’il y a une excellente raison mais une raison tellement dangereuse que je dois, enfin plutôt que nous devons nous taire pour éviter de mettre de nouveau quelqu’un en danger.
- En danger ??? Cria t-il, vous êtes sûrs que ça va aller les filles ? Je peux vous héberger ou…
- Ne vous inquiétez pas, répondit Sokonie, on gère.
- Oui mais deux filles seules, c’est… »
Je lui sautai dans les bras et lui chuchota à l’oreille.
« Si jamais quelqu’un vient te voir, ne dis rien s’il te plait. Quand tout cela sera fini, nous reviendrons, on dansera ensemble, je te ferais même rencontrer des amis à nous.
- Vous dansez ? dit-il, interloqué.
- Nous sommes danseuses à la base, mais pour l’instant nous sommes en pause. Lui répondis-je, en resserrant mon étreinte. Nao, si jamais nous nous ne revenions pas, sache que nous avons été contentes de venir dans ton salon, tu es super. Naya aussi d’ailleurs. Même si ça fait une heure qu’on se connait, je vous adore déjà.
- Mais, dit-il en chuchotant, tu vas revenir hein ?
- Je l’espère oui. Tiens je te passe mon numéro, tu le passeras à Naya aussi. 0874647398390. Envoie-moi un sms. Je ne te répondrais pas mais quand j’aurais un autre moyen, promis je t’appelle ! »
Nous leur fîmes un au revoir et nous sortîmes de la boutique. On commença à marcher et à se mettre en quête d’un hôtel quand je vis de nouveau les individus du bus. Ils se trouvaient sous un perron, près d’une berline noire. Je commençais à accélérer la marche devant une Sokonie qui ne comprenait pas. Malgré son incompréhension, elle accéléra elle aussi. Je pris le premier hôtel. Qui se révélait être une maison d’hôte. Nous rentrâmes et sonna. Une dame d’une trentaine d’année nous ouvrit et nous demanda si c’était pour une chambre. J’acquiesçai. Elle nous fit rentrer et nous envoya dans notre chambre. Plutôt froid comme accueil mais tant que nous avions une chambre, c’était le principal. Nous nous installions et remarquions que nous n’avions pas d’affaires. Quelqu’un toqua.
« - C’est la gérante. Je me suis permise de vous apporter des chemises de nuits, vu vos tenues et l’heure tardive, je me suis doutée que cela vous servirais.
- Oh, merci beaucoup. Il est vrai que nous n’avions pas de quoi dormir. C’est très aimable à vous.
- Avez-vous mangé ?
- Non.
- Je vous rapporte un quelque chose alors. Plutôt sucrée ou salée ?
- Salée ! répondit avec enthousiasme Sokonie.
- Je vous apporte cela. Répondit-elle, en fermant la porte.
- Tu vois, Nana, ce n’est pas une vieille mégère ! »
Sa réflexion me fit sourire. Sokonie prit d’assaut la salle de bain tandis que moi je me jetais sur le lit. Affalée, j’observais le flacon, taché de minuscules tâches. Mon portable vibra de nouveau. Je le sortis de ma poche et vis deux nouveaux messages.
De 089384090301.
Hey, ma belle, c’est Nao, j’espère que vous allez bien. Notre conversation m’a fait bouillir mes neurones. Tu m’as fait trop peur. Réponds-moi quand tu peux.
Je souriais et ajouta son numéro de portable dans mon répertoire. Je regardai le second message qui venait de YoungJae.
De YoungJae.
Bon, les Girls. Je veux bien comprendre que la disparition vous inquiètes, nous aussi. Mais revenez à la maison, nous pourrons chercher ensemble. S’il vous plait les filles… Le directeur est anéanti, il pleure tout le temps. Les flics n’arrêtent pas de fouiller dans vos affaires. Jason est sur les nerfs. Ne parlons même pas de notre Hyung. Il est à cran. Daehyun ne chante même plus, JongUp est entrain de s’empiffrer et reste dans sa chambre toute la journée. Zelo, quant à lui…. Je ne pourrais même pas décrire ce qui se passe… Min s’est barrée et est rentrée chez elle. Elle ne veut plus faire partie du groupe. Alors Elena, s’il te plait. Essaye de nous joindre, juste pour nous dire que tout va bien. Rien que pour nous rassurer. J’espère que Sokonie va bien…Son sms m’avait chamboulée. Notre départ avait mis une grande pagaille dans l’univers des BAP et de la TS Entertainment. Je me relevai et partit voir la gérante. Je descendis des escaliers et tomba sur la propriétaire.
« - Que voulez-vous ma petite ? Le repas arrive.
- Je voulais savoir si vous aviez un accès internet.
- Oui, j’en ai un. Vous le voulez ?
- Comment ça ?
- Je peux vous prêter mon ordinateur portable.
- Oh, vous êtes gentille, merci ! »
Elle hocha la tête et partit chercher son ordinateur. Quelques secondes plus tard, je la vis revenir avec l’outil. Elle me le tendit et me promit de revenir dans quelques minutes pour nous apporter le repas. Je la remerciai à nouveau et monta dans les escaliers pour rejoindre notre chambre. Je me rejetai sur le lit, l’ordinateur en main. Sokonie sortit enfin de la douche et me demanda où j’avais bien pu me procurer cet ordinateur. Je lui expliquai pour la gérante.
« - Elena … ? demanda Sokonie.
- Oui ma chérie ?
- Tu pense qu’on peut leur envoyer un email ? Si on invente une nouvelle adresse email, ils auront plus de mal non à nous retrouver ?
- Pas faux. Pourquoi pas. Cela les rassurerait. Mais après il faudra se dire que les nouvelles c’est fini.
- D’accord… »
On créa une nouvelle adresse qui prit une forme comique. On commença à écrire le mail.
De : lesfugueusesdeSéoul@Yap.com
A : TSenter@Asp.fr
Nous ne nous attarderons pas. Nous allons bien. Sokonie est en parfaite santé et moi aussi. Vous nous manquez fortement, c’est dur d’être loin de vous. Mais nous n’avons pas le choix. Je voudrais m’excuser pour tout le mal que j’ai fais. Toute cette pagaille est à cause de moi. Si je n’étais pas venu à Séoul, vous seriez tranquille et maintenant l’avenir de notre participation au championnat et compromis par ma faute. Mr Tae Sung, je m’excuse auprès de vous pour avoir embarqué votre fille là-dedans. Sachez que je la protégerais quoiqu’il en coûte. Vous voyez ce que je veux dire. Je donnerais ma vie s’il le faut pour la sauver. Sokonie me dit de ne pas oublier quelque chose. En effet, nous aimerions vous demander une faveur. Nous aimerions que vous vous entrainiez afin que dans quelques temps vous participiez aux sélections si nous ne somme pas revenus. S’il vous plait. Pour nous. Malheureusement, nous ne vous donnerons plus de nouvelles durant les prochains jours, les prochaines semaines etc.
On vous aime très fort, et fighting pour vos entrainements. Et la prochaine fois qu’on se retrouvera, Nonore sera avec nous. Promis.
Bisous, vos petites sœurs J’envoyai l’email et éteignais au plus vite l’ordinateur. Je me retournai vers Sokonie qui s’était refermée sur elle-même. J’en concluais qu’elle était triste d’avoir écrit cela. Etre loin de son père devait lui peser. Quelqu’un toqua à la porte. La gérante fit son apparition avec des frites et de la viande. Elle nous les posa sur la table et repartit aussi vite qu’un éclair. Nous nous jetâmes sur la nourriture. En quelques minutes, nos plats étaient terminés. Nous étions repus.
« - Unnie, on va dormir ?
- Je vais prendre ma douche, Soko. Après j’y vais »
Je me levai et partit sous la douche. Durant de longues minutes, je laissai l’eau chaude coulée sur ma peau. Cela me faisait tellement de bien. Mes pensées divaguèrent. Quelques minutes plus tard, je sortis de la salle et retrouva une Sokonie endormie dans le lit. Je la rejoignis quand je la sentie bouger. Je me retournai et la vis collée contre moi. Elle repartit dans ces rêves, me laissant seule. Je calai mon oreiller et l’observai. Cette Dongsaeng que j’avais tant pris d’affection. Je repensais à notre première rencontre assez inhabituelle. Je me souviens aussi de Jason et de sa performance de break, si puissante, si parfaite. Je continuais à revivre mes souvenirs mais Morphée m’appela et je répondis à son appel sans y résister.
----------------------------------------------------------------------
Le chant d’un colibri me réveilla. J’ouvris les yeux, ne sachant pas où j’étais. Je me rappelai les derniers évènements. Je soupirai. La porte s’ouvrit avec douceur. Sokonie s’était levée de toute évidence plus tôt que moi. Elle avait pleins de sacs sous les bras.
« - C’est quoi tout ça, dongsaeng ?
- Désolé ma Unnie. J’ai pris la liberté de nous acheter des vêtements, on a beau être en fugue, faut qu’on s’habille.
- Soko…….. Je viens de capter un truc ?... Dis-je en murmurant.
- Quoi ? dit-elle, alarmée.
- On a débité de l’argent avec nos cartes de crédits… Tu ne pense pas qu’ils vont pouvoir nous retrouver ?
- Oh bordel, j’y pensais plus ! Unnie, vite ! Change-toi, je vais payer la gérante ! »
Je pris le premier sac et je m’habillai. Je me retrouvai affublée d’une petite robe noire avec des talons vertigineux.
« - Soko, je te hais.. » dis-je en me demandant ce qui lui avait passé par la tête. Quand elle arriva, elle s’excusa.
« - Désolé Unnie, mais j’ai craqué devant cette petite robe toute mimi qui te va très bien !
- C’est sûr que ça va être cool pour faire les recherches …
- Qui sait, on aura plus de réponses, ça se trouve ! » Me dit-elle avec un clin d’œil.
Je soupirai et mis mon manteau. Nous partîmes en souhaitant une bonne continuation à la gérante et nous sortîmes.
« - Faut que j’essaye d’appeler ma grand-mère… » Sokonie acquiesça. Je fis le numéro et mis le combiné contre mon oreille.
« - Allo ? Ici Isabelle Seya Kort.
- Euh ? Grand-mère ?
Pendant quelques secondes, un silence s’était installé.
- Vous devez faire erreur, mademoiselle.
- Je ne pense pas, c’est maman enfin Annabelle qui m’a passé ton numéro.
- Elena.
- Oui, c’est moi. Je suis désolé mais il faut absolument qu’on se voit.
- Je le sais.
- Quoi ? Dis-je, surprise.
- Vois-tu des jeunes hommes habillés en costard cravate, tout en noir ?
A ces mots, je regardai autour de moi. Je les remarquai sur ma gauche.
- Oui, je les vois.
- Bien. Va les voir, monte dans la voiture. A tout à l’heure. »
Elle avait coupé. Je regardai Sokonie et lui fit part de cette échange. Elle était indécise mais me fit remarquée que nous n’avions pas trop le choix. Je hochai la tête. On commença à avancer quand un des hommes s’approcha de nous.
« - Bienvenue Mesdemoiselles, veuillez passez par ici. »
On avança, pas très rassurée. A peine étions-nous dans la voiture qu’elle démarra au quart de tour. Un silence pesant était présent. Je dévisageais tous les hommes qui se trouvaient devant moi.
« - Quelque chose vous chagrine Mademoiselle ? demanda un homme avec de belles bouclettes noires.
- Je vous ai vu hier. Dans le bus. Qui êtes-vous ?
- Il est vrai que nous étions dans le même bus, Mademoiselle. Nous sommes la garde rapprochée de Madame Seya Kort.
Je le regardai, surpris. Sokonie aussi puisqu’elle ne sortit aucun mot.
- Pourquoi une vieille dame comme ma grand-mère aurait-elle besoin d’une garde rapprochée ?
- Ne vous fiez pas à la bonne vieille grand-mère traditionnelle, Mademoiselle. Que cela reste entre nous. Elle ne passe pas son temps à faire des tartes à la rhubarbe et à recueillir les chats errants de son quartier.
- A quel genre de personne devons-nous nous attendre ?
- A une tueuse. »
Ca me stoppa net dans mon questionnaire. Une tueuse ma grand-mère ?
« - C’est vous que j’ai heurté hier dans le bus ? demanda Sokonie à l’Homme qui nous avait parlé.
- Oui, c’est bien moi, répondit-il avec un sourire.
- J’en suis désolée, encore.
-Ce n’est rien Mademoiselle. Je n’ai rien senti ! Vous êtes si légère » Répondit –il avec un beau sourire.
Je regardai Sokonie, sous le charme et de nouveau rouge comme une pivoine. Je me penchai vers elle et chuchota qu’il était bien trop vieux pour elle et que son père le tuerait si il était au courant. Elle me tira la langue et s’empourpra encore plus. Je me retournai vers cet individu pour lui poser des questions.
« -D’abord, quel est votre nom ?
- Mon nom est Castiel, Mademoiselle.
- Castiel, depuis combien de temps êtes vous au service de ma grand-mère ?
- Cela va faire bientôt cinq ans maintenant.
- Alors vous savez quelques petites choses sur elle. Que fait-elle ? Je veux dire pour être une tueuse comme vous dîtes.
- Le temps viendra répondre à vos questions bien pertinentes Mademoiselle.
- Par pitié, Castiel ainsi que vous tous, appelez- nous par nos prénoms. Voici Sokonie et je suis Elena.
- Comme selon vos désirs, Mademoiselle.
- Irrattrapable celui- la ! » Soupira Sokonie, morte de rire.
Je sentis mon portable, vibrant à cause d’un message.
De Oppa Jason
Non mais c’est quoi ça ! Un Email ! Seulement un Email où vous dîtes de reprendre les entrainements ? Vous vous foutez de nous ou quoi ? Et…
Je n’eus pas le temps de terminer car Castiel me retira mon téléphone. « - Hé ! Tu fais quoi là ? Lui demandais-je.
- Sachant que vos amis peuvent vous retrouver comme vous avez utilisés vos cartes de crédit, il est préférable de jeter ! dit-il, implacable.
- Mais tous mes numéros... Castiel, tu ne peux pas me faire ça ! Lui dis-je, en grognant.
- Je vais en faire une copie et vous le passez dans un nouveau téléphone avec un nouveau numéro. D’ici là, on est coupé de la communication et il n’est pas question d’en discuter. » Il prit mon téléphone, l’ouvrit et extrayait ma carte sim. Il la mit dans un sachet sous vide et jeta mon téléphone par-dessus la fenêtre.
« - Parano va ! » dis-je en me moquant.
Il rigola à ma blague et partit dans un mutisme inexpliqué. Soudain, le chauffeur accéléra. Castiel, meneur du groupe, demanda ce qui se passait.
« - Nous sommes poursuivis ! » En entendant ces mots, je commençai à paniqué. Je me retournai vers Sokonie qui inspirait profondément.
« - Dis-toi, Unnie que ce sont nos fans qui veulent un autographe ! dit-elle pour détendre l’atmosphère.
- Ce n’est pas notre autographe qu’ils veulent à mon avis, Soko. C’est nos têtes.
- Je suis de votre avis, Mademoiselle ! approuva Castiel.
- Merci de ton soutien, Castiel… dis-je en soupirant, et dans ces cas là, on fait quoi ?
A peine avais-je terminé ma phrase que la voiture tourna violemment à gauche.
- On tire. »
Nous le vîmes sortir une mitraillette ainsi qu’un revolver. Il passa sa tête en dehors du carreau pour tirer. Il la retira vite vu les projectiles. La voiture prit à droite et nous ne ménagea pas. Sokonie retomba sur Castiel. Décidemment, celle-là ! Soudain, une voiture commençait à nous rattraper et elle atteindrait bientôt notre fenêtre si le chauffeur n’accélérerait pas dans les secondes qui nous restaient. Castiel poussa avec délicatesse Sokonie et reprit, ainsi que d’autres hommes, des pistolets. Soudain, un jeune homme à côté de nous ouvrit une trappe du siège et me pria d’y entrer avec Sokonie.
« - Non mais moi je rentre pas dedans moi ! Je vous préviens ! » Cria Sokonie.
Et pourtant, elle fut obligée parce que je la poussa. Nous nous retrouvâmes dans le coffre.
« - Dis moi, Unnie ce n’est pas dans les films où généralement le coffre de la voiture s’ouvre sur les héros qui tirent à tour de Kalachnikov sur les méchants ?
- Sokonie, ce sont des films !
- T’as des armes ? Me demanda t- elle.
- Mais t’es complètement cinglée !
- Allez Unnie ! T’as jamais voulu faire comme dans les films ? Si jamais on meurt, au moins on se sera bien amusés ! »
Conquise et résignée face à tant de détermination, je regardai autour de moi et vis deux mitraillettes. J’en passai une à Sokonie et en garda une pour moi. De nouveau, les virages se firent sentir. Nous sentîmes des secousses puis des tirs se firent de nouveau entendre.
« - Hum, Unnie, tu sais je ne veux pas mourir !
- Bah moi non plus Dongsaeng.
- Je sais, mais je ne veux vraiment pas.
- Non, mais j’ai compris mais pourquoi cette insistance ?
- Tu ne sens pas ? On va s’arrêter. »
De nouveaux tirs, la voiture commença à être au ralenti. Quelques secondes plus tard, elle s’arrêta. Nous nous regardâmes avec Sokonie et hochâmes la tête d’un seul mouvement. J’entendais des pas qui venaient vers nous.
« - Prêtes ? » chuchotais-je.
Elle ne me répondit pas. Je voyais sa détermination et j’étais sûre qu’elle n’hésiterait pas à tirer. Un cliquetis se fit entendre. Ca y est, la fin était arrivée. Le coffre commença à s’ouvrir et là l’adrénaline atteignait son paroxysme. On commença à tirer, ce qui fit sauter le toit du coffre sous les yeux médusés de Castiel et de ses acolytes.
« - HIHA NOUS VOILA ! criait une Sokonie, déchainée prête à tuer tout le monde.
- Soko je crois qu’on en a fait un peu trop … » lui dis-je.
Elle me regarda interloquée. C’est quand elle vit Castiel et ses amis écroulés par terre tellement ils rigolaient qu’elle comprit. Je ne pus m’empêcher, je me pris aussi d’un fou rire. Ce que cela faisait du bien de rire et de ne penser à rien d’autre.
- Les gars, on aura besoin d’une nouvelle voiture ! affirma Castiel en pouffant de rire.
- Désolé Castiel, on a dû être ridicules….dis-je, timidement.
- Vous nous avez fait bien rire Mesdemoiselles. Veuillez descendre s’il vous plait. Dit-il en nous tendant la main. Sokonie sortit la première. Il la porta par la taille pour la faire atterrir. Puis ce fut à mon tour. Se fut assez drôle pour Sokonie de me voir galérer à marcher avec des talons sur une route cabossée.
- Où sommes-nous Castiel ? demanda Sokonie.
- Dans la propriété de Madame Isabella.
- Et qui était ces gens ? demanda t- elle.
- Ah ça… »
Tout d’un coup, il se renferma de nouveau dans un mutisme assez exacerbé. J’entourai de mes bras la taille de Sokonie. Elle me regarda, souriante. Surtout heureuse d’être vivante. Nous marchions quand le devant de la villa fut sous nous yeux. C’était gigantesque et tellement magnifique. Une piscine extérieure sur la terrasse, débordant dans un grand bassin. Des plantes exotiques décoraient l’entrée. De longues baies vitrées étaient dessinées. Parfait était le mot.
« - Tu crois que c’est du plaqué or les statues ? » me demanda Sokonie. Je pouffai devant sa remarque. Décidemment, elle ne changera pas celle-là ! Castiel nous invita à entreprendre la marche. D’un pas un peu gauche à cause de mes chaussures, je commençai à marcher en direction de l’entrée et quand j’atteignis celle-ci, les mots me sortirent de la bouche.
« - Oh putain ! »
Sokonie, émerveillée elle aussi, ne me vis pas et se heurta contre moi. Etant chancelante, je tombai à terre avec elle.
« - Mesdemoiselles, vous allez bien ? demanda Castiel, inquiet.
- T’inquiète Castiel, on gère ! Lui répondis-je, en me relevant.
- Tout le portrait de sa mère… » Dit une voix assez grave. Je me retournai en direction de celle-ci et vis pour la première fois ma grand-mère.
Le premier mot qui me traversa l’esprit en voyant ma grand-mère fut « classe ». Très propre sur elle, de beaux vêtements en soie, une belle coiffure avec des boucles d’oreilles accordées à ses vêtements, un maquillage minutieux et parfaitement appliqué, des ongles faits sans aucune écaille ; Elle s’accordait à la maison en somme. Mais le deuxième mot qui me survient aussi fut « peur ». Son regard était bienveillant mais quelque chose de dure, de puissant et de sauvage rendait celui-ci plus froid, plus sec. Je reculai de quelques pas. Elle ressemblait beaucoup à ma mère pour le peu de photos que j’avais pu voir durant mon enfance. Elle s’avança, ce qui me permit de voir plus de détails.
« - Tu lui ressembles tellement… c’est dure pour moi de te voir ici »
Je ne me souciais pas de ce qu’elle disait car une photo à côté d’elle avait attiré mon attention. Je m’approchai de l’objet et vis un homme et une femme, heureux, souriants qui se prenaient dans les bras.
« - Maman...Papa…dis-je en murmurant.
- Oui, ma chérie. Ce sont tes parents. »
Je continuais à observer durant quelques instants la photo et la reposa.
« - Je pense que le mieux serait que vous montiez dans votre chambre les filles. D’ailleurs, je ne me suis pas présentée à vous, jeune fille ! Je suis Isabella, grand-mère d’Elena.
- Et moi, je suis Sokonie, amie de votre petite fille. Enchantée de vous rencontrer, Madame.
- De même. Tu peux m’appeler Isabella. Comme je le disais, je vous propose de monter vous installer pendant que les cuisiniers s’affaireront en cuisine pour nous préparer le repas. »
Nous acquiesçâmes en même temps. Elle prit congé de nous et partit se reposer. Apparemment, le moment des révélations n’était pas maintenant. Et je n’étais pas sûr de pouvoir emmagasiner toutes les informations qu’elle allait me donner.
Je me retournai vers Castiel, resté seul.
« - Castiel, tu peux me donner l’heure s’il te plait ?
- Certainement Mademoiselle, il est 13h57.
- Castiel, mon prénom ! Mon prénom ! Ah je vous promets, j’ai l’impression d’avoir vieilli des années sans m’en rendre compte, je suis déjà fatiguée rien que de penser à tout ce qui nous attend.
- Qu’est ce qui vous attends, Mesdemoiselles ? demanda t-il, curieux.
- Le temps répondra à tes questions bien pertinentes, Castiel ! » Lui dis-je, avec un clin d’œil.
Sokonie s’esclaffa et me prit par le bras. Nous laissâmes un Castiel, désemparé. Nous commençâmes à entamer un sprint devant des majordomes imperturbables. Après s’être perdu pendant une dizaine de minutes et avec l’aide d’une femme, nous avions réussis à trouver notre chambre. Elle était très luxueuse. Nous avions notre salle de bain privée ainsi que nos toilettes. Nous rangeâmes nos nouveaux vêtements et remarqua que des vêtements y étaient déjà installés. Interloquées, nous regardâmes les étiquettes et les tailles correspondaient aux nôtres. Me débarrassant de ma petite robe noire et de mes talons que j’envoyais valser dans le visage de Sokonie, je pris le soin de choisir un jean avec un joli maillot de mettre des ballerines pour reposer mes pieds endoloris. Sokonie qui elle était en jean depuis le début me regarda soupirer de soulagement en étant pied nus.
« - C’est grandiose ici ! déclara Sokonie, tout en observant le paysage.
- Tu m’étonnes !
- A ton avis, comment va-t-elle pouvoir nous aider à rechercher Eléonore ?
- Très bonne question ! Faisons confiance à maman !
- Ouais, on n’a pas trop le choix pour l’instant ! Tiens en parlant de famille, Chaerin est au courant de cette grand-mère ?
- Je n’en ai aucune idée ! Je ne pense pas puisque notre mère n’a jamais vraiment divulgué d’informations sur nos parents biologiques, à part nous avoir dit qu’ils étaient morts dans un accident de voiture.
- Ah oui, je vois… Tu n’as jamais essayé d’en savoir plus ?
- Plus d’une fois, je lui ai demandé, plus d’une fois j’ai essuyé ses refus alors à la fin j’ai abandonné. Et faut que j’aille à Séoul pour pouvoir découvrir ce qui s’est passé ! C’est fou ! » Dis-je en rigolant.
Elle n’eu pas le temps de me répondre que quelqu’un toqua à la porte. J’ouvris afin de voir qui était derrière. Je vis Castiel.
« - Tu sais que tu as le nom d’un ange toi ? Lui dis-je.
- C’est trop d’honneur, Mademoiselle.
- Non mais c’est vrai. Dans Supernatural, les deux frères Winchesters reçoivent l’aide d’un ange appelé Castiel qui va devenir fou dans un asile psychiatrique !
- C’est un compliment venant de la bouche de Mademoiselle ?
- Oui, à part la partie « psychiatrique » !
- Très bien, j’en suis heureux alors. J’étais venu pour vous dire que le repas était servi.
- Merci Castiel, nous descendons ! Lui répondis-je, en fermant la porte.
- Comment tu l’as traumatisé le pauvre ! Explosa Sokonie, en se pliant de rire.
- Je crois qu’il est devenu tout rouge, le pauvre chou… » Dis-je en faisant une moue innocente.
Nous fermâmes la porte et descendit les escaliers afin de rejoindre la salle à manger. La pièce était magnifique. L’ensemble était très épuré, beaucoup de luminosité et la paix régnait dans cette pièce. Nous trouvâmes ma grand-mère, assise à côté d’un Castiel, tremblotant.
« - Comment ça une nouvelle voiture, Castiel ?
- Madame, j’en suis terriblement désolée mais nous avons été poursuivis et ...
- Poursuivis ? Et tu avais l’intention de me l’annoncer quand ? »
Je m’avançai pour prendre la défense de notre ange gardien.
« - Grand-Mère, c’est de notre faute. Nous avons étés poursuivies et Castiel a su avec bravoure nous protéger en nous mettant à l’abri. Seulement nous avons pris peur et nous nous sommes mis à tirer partout, dont dans la voiture…
- Dans la voiture ? dit-elle, interloquée.
- Oui, je t’expliquerais plus en détails un jour. Ne dispute pas notre Castiel, s’il te plait. Il n’y est pour rien.
Isabella me regarda comme si j’étais un monstre en liberté. Elle soupira.
« - Soit, ma petite fille. Nous rachèterons une voiture Castiel. Tu peux disposer. »
L’Homme fit plusieurs courbettes et partit se mettre dans un coin de la salle. Avec Sokonie, nous prîmes place et salivions devant tous les mets qui s’y trouvaient. Après avoir entamé notre première assiette, une question me brulait les lèvres.
« - Grand-Mère, comment as-tu su que nous viendrons ?
- Annabelle m’a contacté quelques heures avant ton arrivée. »
Je comprenais maintenant. Le repas se termina avec de brèves paroles. J’allais me lever, résignée à encore attendre quand elle me pria de rester avec Sokonie. Elle nous emmena dans le jardin et nous trouva plusieurs chaises dont une où elle s’assise.
« - J’aimerais savoir ce que tu veux de moi.
- Je n’aime pas l’intonation de ta voix, grand-mère. Je ne suis pas là pour profiter de toi ou de ton argent. C’est Maman qui m’a dit qu’en cas d’urgence, il fallait t’appeler.
- Très bien, quelle est cette urgence ?
- Nous devons retrouver quelqu’un. Elle a été enlevée et nous sommes à sa recherche. »
Ainsi pendant une demi-heure, j’expliquai à ma grand-mère ma vie en France, ma vie à Séoul, mon rêve de devenir danseuse, l’audition annulée par un feu criminel, la rencontre du groupe, mon enlèvement, l’harcèlement jusqu’à l’enlèvement de Nonore et notre fuite.
Elle passa par plusieurs phases : celle d’écoute, de compréhension, celle d’admiration, celle d’étonnement, celle de nostalgie, celle de l’énervement et celle de la pulsion meurtrière.
«- Mais c’est pas possible ! Pourquoi on me prévient que maintenant ! C’est fou ça ! J’aurais pu retrouver ton harceleur, le brulé vif, puis après l’écarteler, le trancher, le vider, le …
- Je crois qu’on a saisi ce qu’elle veut dire ta grand-mère ! Me chuchota Sokonie dans l’oreille.
- Grand-Mere! Il y a à peine deux jours, je ne connaissais même pas ton existence.
- Si ça ne s’était pas passé comme ça, on aurait pu se connaitre dès ta naissance…
- Qu’est ce que tu veux dire par là ?
- Juste que j’aurais pu te faire des tartes à la rhubarbe !
- Apparemment, tu n’en fais pas !
- Qui t’as dit ça ? dit –elle, avec méfiance.
- Castiel ! Dis-je en répondant trop vite.
Après quelques secondes de silences, Isabella reprit.
- Il a raison ce petit, je préfère tuer les gens, pas de cuisson, pas de recettes, tu le fais à ta sauce ! T’as vu ta grand-mère fait même des jeux de mots !
Je regardai Sokonie, effrayée. Elle était mais complètement disjonctée.
- Bon reparlons de votre amie. Peux-tu me donner tous les détails ? »
Sokonie s’attaqua à la tâche de tout décrire car je fus trop choquée et trop hystérique pour avoir pu discerner des détails de l’enlèvement de Nonore. Je l’écoutais raconter mais les larmes commençaient à inonder mon visage. L’ambiance était devenue lourde, le ciel grisaillant.
-Je vais faire de mon possible, les filles.
- Combien de temps, cela va prendre ?
- Tout dépendra de celui qui l’a enlevé. » Me répondit-elle, en se levant et en marchant en direction de la maison.
J’étais effondrée. Le fait de repenser à ces événements m’avait bouleversé à nouveau. Sokonie qui peinait à se retenir m’aida à me relever. Elle me proposa de danser. J’acceptai volontiers. J’en avais besoin et elle aussi. Nous trouvâmes une salle de sport où s’entrainait une dizaine d’hommes dont Castiel.
« - Castiel ! s’écria Sokonie.
- Mademoiselle, que se passe t-il ?
- Pouvons-nous utiliser le poste radio ?
- Faites comme chez vous, Mademoiselle ! »
Je remarquai ses muscles bien dessinés. Il me regarda et remarqua surement mes yeux rouges. Alors que j’avançais, il m’attrapa par le poignet.
« - Tout va bien, Elena ?
- Oui ! » Lui répondis-je avec un petit sourire.
J’entendis la musique des Miss A –Hush- qui s’élevait dans la salle. Sokonie entama quelques pas de danses pour commença. Je souriais de nouveau à Castiel et partit la rejoindre. Nous en avions besoin, nos corps aussi. Je sentis toutes les ondes, toutes les pensées négatives sortir de moi. Je ne pensais plus qu’à la danse. Qu’aux pas. Cette chanson était tellement puissante. Les gardes s’étaient arrêtés afin de regarder ce qui se passait. Le spectacle était bizarre, en effet. Alors que nous dansions, je vis Sokonie qui laissait couler toutes les larmes qu’elle avait au fond d’elle. Celle de désespoir, de tristesse, de fatigue. Je sentis les miennes qui coulaient aussi. Tout en pleurant, nous continuons de danser. Cette chanson me faisait penser à Jason. Il était tellement en adoration devant Suzy, plus généralement des Miss A. Il me faisait tellement rire quand il en parlait. Un jour, je danserais avec lui sur cette chanson. Je me le suis promis. Penser à Oppa me faisait penser au manque que j’avais d’eux. Je les considérais comme ma famille, je ne pouvais vivre sans ces personnes.
Au refrain, le tempo s’accéléra. Nos pas suivirent. Etrangement je me sentais flottée tellement je ne sentais plus mes jambes. Plus rien ne comptait. La fin de la chanson s’approchait. Mes pas se faisaient plus lents, presque chancelants. Ma vision se troublait. Mais tant pis. Je n’en avais rien à faire. La musique s’éteignait, un silence de plomb accueillait notre performance. Je regardai Sokonie qui s’écroula à terre. Je me jetai par terre en hurlant pour essayer de la rattraper. Elle perdit connaissance. Castiel me poussa gentiment mais avec fermeté et prit Sokonie dans ses bras. Plusieurs personnes me proposaient leur aide pour me relever. Je ne répondis pas. Je me levai, troublée. J’étais vidée. Je vis Castiel emmené Sokonie quelque part mais je ne savais pas l’endroit. Je n’avais plus de force pour le suivre. Les dernières personnes reprirent leurs travaux après m’avoir fait des recommandations. Ils me laissèrent seule.
J’actionnai le poste à nouveau et la musique des Miss A retentissait. J’essayai de réaliser des figures mais les résultats n’étaient que des chutes. Alors que j’allais recommencer une énième fois, la musique fut coupée. Je me retournais et vis Castiel, visiblement excédé.
« - Comment va Soko ? Demandais-je.
- Elle s’est endormit après avoir reprit connaissance. Votre Grand-mère est à ce moment même à son chevet.
-Bien. Je vais de ce pas la voir. » Lui dis-je, en marchant.
Cependant, il rattrapa mon bras pour m’attirer vers lui.
« - Je pense que vous devriez vous reposer avant d’aller la voir. Vous faîtes peur à voir.
- J’aime ta franchise, petite personne au nom d’ange. Mais je n’ai pas besoin de dormir. Je dois voir mon amie. » Je refis quelques pas mais je tombai à terre. Castiel me rattrapa.
« - Vous voyez ? Vous ne tenez plus debout. »
Pour toute réponse, il entendit mes sanglots. Sans paroles, il me ramena à lui pour que je puisse me reposer.
« - Au moins, vous pouvez dormir comme ça.
- Castiel, je t’adore tu sais mais les gens vont croire qu’il se passe des choses pas très catholiques entre nous ! dis-je en rigolant faiblement.
- Tais-toi avec tes bêtises. Dors »
C’était du Castiel tout craché. J’étais prête à me relever mais visiblement, mon corps ne l’était pas. La chaleur de ses bras m’entourait. Je poussai un soupir d’apaisement et partit rejoindre le pays des rêves.
Je me réveillai la tête serrée.
« - Tiens ma petite fille, une aspirine. »
Je vis ma grand-mère à mon chevet. Ce qui me fait plaisir. J’acceptai le verre qu’elle me proposa, avala le médicament et reposai ma tête sur l’oreiller.
« - Comment va Sokonie ? Demandais-je, inquiète.
- Ne t’inquiète pas, elle va bien et elle dort toujours. C’est une marmotte ton amie ! me répondit-elle en plaisantant.
- Qu’est ce qui s’est passé ?
- Je pense que vous étiez beaucoup trop fatigué et les évènements ont fait cumulés beaucoup de pression qui a explosé il y a deux jours maintenant. Heureusement que Castiel était là. Tu as dormi deux jours !
- Deux jours ? Ouah ! Que ferait-on sans Castiel ! Lui dis-je, en rigolant.
- Il m’est précieux même si je le terrorise ! Je dois faire peur.
- Tu fais très peur Grand-Mère.
- Je le sais ma fille !
- Grand-Mère, comment Castiel est-il devenu ton garde ?
Elle prit son inspiration et commença à raconter.
« - Ton Grand-père est mort il y a cinq ans.
- J’avais un grand-père ? Dis-je, étonnée.
- Oui, il fut dévasté par le décès de ta mère et de ton père. Moi aussi d’ailleurs. Mais lui tellement ravagé par le chagrin, il sombra dans l’alcool. Un jour, après une énième dispute sur ce sujet, il prit la voiture. Je ne pus l’empêcher. J’ai priai pendant des heures pour qu’il ne lui arrive pas d’accident. Deux heures plus tard, un policier m’a appelé et m’a annoncé que mon mari était mort car après savoir percuté de plein fouet un homme, sa voiture avait foncé dans l’arbre présent un peu plus loin. La voiture a explosé. Il est mort sur le coup. Malheureusement, le jeune homme lui était dans un état proche de la mort mais encore vivant pour sentir ses os brisés et son corps qui se vidait de son sang.C'était Castiel. J’accourus à l’hôpital où je vis le corps de ton grand-père dans un frigo. Cette vision m’a permit de prendre conscience que la vie d’une autre personne était en jeu. Alors avec mon accord, le légiste préleva des organes après avoir fait des tests sur le patient qui était entre la vie et la mort. Ils possédaient le même type de sang. Le jeune homme avait besoin d’un foie et d’un cœur au plus vite. Pendant des heures entières les chirurgiens ont fait de leur mieux…
- Et ??? Dis-je, impatiente de savoir la suite.
- Et ils ont réussis à le sauver. Pendant une dizaine de jours, il resta dans un coma profond. Je restai à son chevet des après –midi, des soirées. Je me devais de l’aider. Quelques jours plus tard, il reprit connaissance et je lui expliquai ce qui s’était passé. Je lui proposai un job, comme il n’avait pas de famille proche pour l’aider. Il accepta. Et voilà comment Castiel rentra à mes services.
- Je comprends. C’est à la fois triste mais beau en même temps.
- Tu sais Castiel se sent coupable d’avoir le cœur de ton grand père. Et je crois que le fait de te voir lui fait encore plus de mal car il se dit qu’il a enlevé le grand-père d’une petite fille.
- Mais il est bête de penser ça !
- Je lui ai déjà dit ma chérie. Je vais te laisser, un ami m’attend au téléphone. »
Elle sortit de la chambre. Je fis de même quelques secondes plus tard. Je voulais parler à Castiel. Je le cherchais partout mais pas moyen de le trouver.
« - Rah, mais il est passé où ! »
Quelqu’un tapota mon épaule. Une dame me souriait.
« - Vous avez besoin d’aide ?
- C’est très aimable à vous. Je cherche quelqu’un. Castiel.
- Ah, il s’est enfermé dans ses appartements.
- Pouvez-vous me les indiqués s’il vous plait ? »
Elle m’expliqua avec gentillesse où il habitait. Je la remerciai. Je devais traverser un bout du jardin pour réussir à accéder à l’arrière de la maison. J’observai les fleurs qu’il faisait pousser. Cependant, ce que je ne vis pas, c’était les orties, cachés dans l’herbe.
« - Aie ! »
Je sautillai en me tenant le pied, espérant ainsi diminuer la douleur.
« - Mademoiselle ? Que faites-vous ici ?
- Je suis ici pour discuter et te remettre tes idées en place.
- Quelles idées Mademoiselle, j’ai fais quelque chose de mal ?
- Non justement ! Espèce de Babo, de Baka, de tous ce que tu veux !
Je rentrai en furie dans son habitation, qui était très jolie d’ailleurs. Je m’assis sur une de ces chaises à formes asymétriques et j’attendis.
- Voudriez-vous du thé ?
- Non, ce que je veux Castiel, c’est savoir ce qui se passe dans ta petite tête.
- Je ne comprends pas, Mademoiselle.
- Par Pitié ! Je m’appelle Elena et non Mademoiselle.
- Très bien, Elena…
- Pourquoi tu te sens coupable ?
Il se figea devant ma question. Je l’avais prononcé de manière froide. Ce n’était pas tellement volontaire, je voulais juste le faire réagir.
- Je ne me sens en aucun cas coupable de quelque chose, Elena.
- Tu me mens, Castiel. Et je n’aime pas ça. D’ailleurs, Grand-Mère n’aime pas ça non plus.
- Votre Grand-Mère ? Répéta t-il d’une voix blême.
- Oui, Isabella si tu préfère. Elle m’a expliqué comment tu es venu à travailler pour elle. »
Son regard changea. Une ombre vint s’abattre et les pupilles de ses yeux durcirent. Ses membres commençaient à trembler.
« - Sortez immédiatement Mademoiselle Kort. »
Ses mots me frappèrent de plein fouet. Jamais il ne m’avait parlé aussi durement, aussi sèchement. Je voulais l’aider mais apparemment, il n’était pas près. Je me levai, dépitée. Je marchai en direction de la sortie sous le regard impuissant de mon nouvel ami. Pourtant, l’idée de l’abandonner dans ses démons, dans ses tourments m’était inenvisageable. Une idée me vint à l’esprit .Je courus et l’enlaça par la taille. Son corps s’était raidit, inquiet. Je posai ma tête sur son torse et commença à parler.
« - Tu sais Castiel, chacun à ses propres démons. J’en ai beaucoup. Je pourrai te les raconter un jour si tu le souhaites. Cependant, certains démons peuvent prendre de l’ampleur et crois moi il ne faut pas les laisser gagner. Grand-mère m’a parlé de toi car je lui ai demandé. Je suis désolé cela ne me regardait pas mais tu semble en adoration pour elle. Pour sa personne. Je souhaitais savoir pourquoi. Je comprends mieux maintenant. Et je te respecte. Je sais que tu as le cœur de mon Grand-Père, que tu te sens coupable car tu te dis que si tu n’étais pas sur cette route ce jour-ci, il ne se serait pas tué. Peut-être que oui, peut-être que non. On n’en sait rien. Mais il serait mort de toute façon, vu son accoutumance à l’alcool. Ce que je me dis moi, c’est que grâce à toi mon grand-père vit encore et de la meilleure façon. Tu as son cœur, c’est toi qui l’utilise. Mais ton être entier, à toi le fait vivre. Tu le fais aimer, tu le fais rire, tu le fais parfois pleurer peut-être mais tu es une bonne personne. Une magnifique personne. J’en suis certaine. Sokonie et moi t’adorons déjà. Tu es toujours là pour les autres mais personne n’est là pour toi. Alors voilà, le temps que je reste chez Grand-Mère, je veux t’aider, devenir ton amie. Tu peux même te confier à Sokonie, elle est à l’écoute des personnes, c’est une personne formidable. Alors je sais que cela ne va pas être facile, mais crois moi Castiel, ma Grand-Mère a bien eu raison de te sauver vu qui tu es. »
Je reculai et le regarda. Des larmes coulaient sur ses joues. Des sanglots le comprimaient. Je le pris dans mes bras et le berça. Quelques minutes plus tard, je l’aidai à s’allonger sur son canapé. Je le couvris d’une couverture. Ses yeux papillonnaient de sommeil. Je l’embrassai sur le front.
« -Et t’inquiète pas, je me charge de tout le temps que tu te repose. » lui dis-je, en faisant un grand sourire. Je fermai la porte.
« - Bon, maintenant faut que je trouve une crème contre les brulures ! »
Sous les yeux rieurs des jardiniers, je boitais tellement ça me brûlait. J’arrivai et repartit dans ma chambre après avoir demandé une crème pour me soulager. La pâte appliquée sur ma brûlure, je partis voir Sokonie. Elle dormit comme un bébé. Je lui fis un baiser sur le front et repartit. Je partis voir la salle des gardes qui étaient à leur poste. Quand j’entrai dans la salle, j’eu l’impression d’être un tantinet dévisagé.
« - Bonjour Messieurs, je remplace Castiel le temps qu’il se repose. Quelqu’un peut-il me dire les tâches qu’il effectue en temps normal? »
En guise de réponse, des éclats de rires. Un homme d’une vingtaine d’années vint vers moi et me fixa droit dans les yeux.
« - Etes-vous vraiment sûr Mademoiselle de vouloir remplir les tâches de Castiel ? Nous même sommes en contemplation devant toutes les tâches qu’il exécute.
- Euh, oui je crois. Enfin, oui je suis sûre ! M’exclamai-je.
- Très bien ! » Me répondit-il d’un sourire désolé.
Dans quelle galère venais-je de m’être mise ? Je le vis prendre une feuille aussi longue qu’un parchemin digne de ce nom. Mon expression devait être comique car les autres gardes gloussaient. Castiel faisait vraiment tout ça ? Ce n’était qu’un garde normalement.
« - Castiel aime rendre service ! répondit celui qui m’avait fourni la feuille.
- Je vois ça …»
Je lisais quelques unes des tâches et je commençai à regretter. Je me retournai vers le groupe.
« - Attendez Castiel tue des poulets ? » Dis-je d’une voix suraigüe.
Personne ne me répondit, trop occupé à pleurer de rire. Je soupirai et partis de la salle. Première tâche à réaliser : Apporter des boissons aux jardiniers. Je partis au pas de course pour prendre le moins de temps possible. J’arrivai dans les cuisines vidées de toute population. Je tournai la tête partout pour essayer d’apercevoir les boissons. Une étagère m’intrigua. Je m’approchai quand je vis dans un bocal, une vipère. J’hurlai de peur. Je me décalai pour une plus avoir cette vision d’horreur quand je vis une porte avec un écriteau « boisson ». Je rentrai dedans. Un froid glacial m’accueillit.
Je pris quatre ou cinq jus d’oranges et repartit me réchauffer. Je sortis des cuisines pour me diriger dans les jardins. J’aperçu un premier jardinier qui me remercia de ma gentillesse. Je continuai vers les autres ainsi de suite. Ensuite, je regardai la deuxième tâche : tondre la pelouse. Ca promettait d’être comique. Je continuai à travailler jusqu’au début de la soirée. Je fus forcé de revenir par ma grand-mère qui commençait à s’inquiéter selon un majordome. J’arrivai à table, épuisée et débraillée.
Je ne remarquai pas tout de suite la présence de Sokonie et de Castiel, tellement j’étais fatiguée. Je leur fis un sourire et m’écroulai sur la chaise.
« - Et bien, ma petite, te voilà dans un drôle d’état ! demanda Isabella.
- Figure-toi, Grand-Mère, que j’ai bossé comme une dingue. J’ai fais de la distribution de boisson, j’ai tondu l’herbe, j’ai mis trois quart d’heure à allumer cette foutue machine. Ensuite, j’ai été dans les champs pour aller chercher les betteraves, tu te rends compte ! Moi dans un champ de betterave ! Je ne pouvais même pas danser ! Après, le clou du spectacle se fut le meurtre des poulets.
Sokonie me regarda, interloquée tout en étant morte de rire. Isabella essayait de se contenir tandis que Castiel ne disait rien.
- J’ai dû tuer des poules ! Des pauvres poulettes sans défenses ! Castiel, je fus ravie de t’aider mais en rien je ne voudrais être à ta place pour accomplir ses tâches. Trop d’efforts pour moi tout ça. »
Je me tue, fatiguée de parler. Je mangeai rapidement, prit des nouvelles de Sokonie et partit me coucher tandis que celle-ci partit dans le salon pour se divertir un peu. J’étais sur le point d’ouvrir ma porte quand je sentis une présence derrière moi. Je me retournai, prêt à me battre.
« - Oh, calme-toi Elena. C’est Moi Castiel.
- La prochaine fois, essaye de ne pas m’effrayer !
- Oui, promis.
- Tu veux quoi ? Lui demandais-je, surprise.
- Te remercier d’avoir pris la charge de mon travail et de m’avoir aidé à prendre conscience de certaines choses, Elena.
- De rien, personne au nom d’ange. Ce fut un plaisir de t’aider. Et n’oublie pas, si tu veux parler, on est là ! » Dis-je, en lui collant une tape sur la tête.
Je fermai ma porte et partis me laver. Une quinzaine de minutes plus tard, je submergeai de mon semi-coma dans la douche et partit rejoindre les bras de Morphée.
« - Debout là dedans ! » criait une voix.
J’ouvris un œil, vis Sokonie qui était habillée et le referma directement. Elle me secouait tellement que la nausée commençait à monter. Si elle continuait, j’allais lui servir mon diner d’hier soir. Je me levai, encore fatiguée. Je marchais avec lenteur, ce qui agaça la petite Sokonie qui entreprit de me chercher des vêtements. Après une petite douche rapide, je sortis enroulée dans une serviette.
« - Dongsaeng, pourquoi tu m’as réveillé ?
- Parce qu’il est déjà 14 heures de l’après-midi ! »
Ah oui quand même, pensais-je. J’entrepris d’enfiler un nouveau jean avec un haut satiné. Sokonie quant à elle, était en robe. Nous sortîmes de la chambre pour rejoindre Isabella. Nous la trouvâmes en compagnie d’adultes, enfin des gens de son âge, ainsi que Castiel et les autres gardes. Je poussai Sokonie contre le mur pour qu’on ne nous aperçoive pas. Je lui intimai de se taire et d’écouter.
« - Isabella, tu sais très bien que c’est de la folie ! Nous ne pouvons pas prendre le risque d’y aller, ça serait de la démence totale là ! dit- une voix masculine.
- Je le sais Shae, je le sais. Mais que veux-tu que je fasse alors ? Ma petite fille va me demander des comptes pour son amie. Elle voudra savoir où elle se trouve. Je ne peux pas lui sortir qui lui est impossible d’y aller sous peine d’engager une guerre entre plusieurs clans de la Mafia.
D’un même geste, nous nous regardâmes, choquées.
- Tu sais très bien comment ça s’est terminé il y a seize ans Isa ! répliqua une voix féminine.
- Je le sais oui… Mais qu’est- ce que je vais lui dire ?
- Mens-lui ! Sors-lui un bobard comme quoi elle est morte.
- Tu ne l’as connais pas. Jamais elle n’abandonnera. Elle est comme ses parents : obstinée et sans peur. Tu crois que je n’en ai pas discuté avec sa mère adoptive ? Elle saura que je lui mens.
- Faut-il que je te rappelle comment les évènements se sont acharnés sur ta fille à cause de ta décision ?
- Tu te fiches de moi ! Il était hors de question qu’elle épouse cet homme. Il y a certes un pacte, mais pas sur la vie de ma fille.
- Tu sais très bien comment marche les Maffieux maintenant. Ils se vengent quand ils n’obtiennent pas ce qu’ils désirent. Tu veux quoi ? Après ta fille, ton gendre, ton mari, tu veux perdre ta petite fille ?
- Bien sûr que non je ne veux pas. Elle est tout ce qu’il me reste.
- Alors écoute-les pour une fois. Ils veulent que tu te mêles de tes affaires, pas des leurs. Et il se trouve que cette fille fait partie de leurs affaires ! reprit Shae.
- Et si nous tentions une embuscade ? Peut-être que cela marcherait et que nous pourrions chercher son amie ? Tentait une voix douce.
- Hors de question ! s’écria Shae. C’est du délire. Déjà deux de mes hommes ont été tués. Juste pour trouver des renseignements Isa. Je t’aime énormément, saches-le. Mais pas au point de compromettre ma vie, ni celle des autres. »
S’en était trop pour moi. Je crois qu’ils ne comprenaient pas. J’étais prête à tout pour retrouver Nonore. Je regardai Sokonie, et d’un seul hochement de tête, je compris qu’elle était de la partie J’écoutais encore ce Shae qui prétendait qu’une vie sacrifiée était mieux que des centaines. La colère, ou plutôt la haine commençait à monter. Terriblement. Sokonie essayait de me calmer, en vain.
« - Putain, mais Isabella, ce n’est qu’une gamine ! A l’heure où je te parle qui sait s’ils ne l’ont pas déjà tuée ! Elle peut-être n’importe où. Ca se trouve, elle est dans un réseau de prostitutions maintenant. »
Je crois que ce mec n’aurait jamais dû dire ça. Je sortis de ma cachette en furie.
« - Ah oui, espèce de salopard, tu crois qu’elle ne mérite pas d’être sauvé ? Sale chien, je vais te faire le portrait si t’ose encore dire des trucs comme ça ! » Hurlais-je sur le prétendu Shae.
Mon intervention avait bousculé leur petite réunion. Sokonie me rejoignit elle aussi, énervée.
« - Qui êtes-vous ? demanda t- elle, en s’adressant à l’ensemble.
- Et qui es-tu, Isabella Seya Kort ? Demandais-je, en regardant ma grand-mère.
- Ma chérie, il n’est pas bon pour toi d’être..
- Tu ne sais pas ce qui est bon pour moi ! Hurlais-je. Tu ne m’as pas élevé, tu ne me connais pas. Malgré nos récentes retrouvailles, je pensais que je pouvais te faire confiance. Que tu m’aurais parlé. Cela me semblait si bizarre de voir comment tu étais si proche de moi, en si peu de temps. Je savais bien qu’on devait se méfier. Je vois que nous devons nous débrouiller Sokonie et moi, pour trouver des informations. Alors maintenant, je te conseille de me dire la vérité et de m’indiquer où se trouve Eléonore.
- Mademoiselle, comprenez Madame… tenta Castiel.
- Toi, vas te faire foutre. Tu n’essaye pas de nous aider, tu es du côté de ma chèregrand-mère. »
Il me regarda, blessé.
- Les filles, asseyez-vous s’il vous plait … demanda Isabella.
- Le portrait de sa mère … murmura Shae.
- Alors avant qu’on s’embarque dans les éternels « elle a ses yeux », « qu’elle est jolie tout comme sa mère » blablabla, passons directement aux choses concrètes, si vous le voulez bien.
- Nous préférons restés debout, Madame Kort. Répliqua Sokonie, un tantinet énervée.
- Alors maintenant que nous nous sommes présentées, je pense que Grand-Mère devrait nous dire la vérité. Tu ne pense pas Sokonie ? Lui demandais-je.
- Oh que si, elle devrait ! répondit-elle, d’un sourire malfaisant.
- Les filles, calmez-vous. Il est vrai que j’aurais dû vous en parler.
- Non tu crois ? Lui répondis-je, une pointe d’ironie dans ma voix.
- Grâce à l’aide de mes amis, nous avons pus retrouver Eléonore.
- Elle est où ? Demandais-je, en criant.
- Calme-toi, s’il te plait. Elle est dans la résidence d’une famille.
- Tu es incompréhensible Grand-Mère. Dis- moi juste où elle est et nous partons la chercher.
- Ca ne se passe pas comme ça, hélas. C’est trop dangereux.
- Qui me dis que ce n’est pas vous tous le danger à fuir ? Demandais-je.
- Pourquoi dis-tu ça ? répondit la matrone, choquée et blessée.
- Tu fais partie de la Maffia, Isabella. Je le sais ! Répondis-je.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles… Tu n’imagine même pas l’ampleur du mot « Maffieux » ! répliqua Shae.
- Je n’en ai rien à faire de savoir ou pas. Où est Eléonore ? Demandais-je.
- Isabella, s’il vous plait. Aidez-nous à retrouvé Nonore… Supplia Sokonie, les larmes aux yeux.
- Je suis désolée vraiment mais c’est trop dangereux… soupira Isabella.
- Très bien, reprit Sokonie, Viens Elena. On y va. »
Je me levai sous les questions de ma grand-mère. Je commençai à marcher, dépité. Non, seulement ma famille faisait partie de la maffia mais en plus de ça ma grand-mère nous avait mentit. Soudain, Sokonie empoigna mon bras et commença à me faire courir. Impuissante, je la suivis. Nous nous dirigeâmes vers l’entrée. J’entendis la voix des gardes qui s’activaient à venir nous rechercher. Devant le portail, je demandai à une dame de nous ouvrir. Ne sachant pas encore ce qui se passait, elle nous ouvrit et nous souhaita une bonne journée. Nous commençâmes à courir sur la route. La course n’était pas mon fort, je détestais cela. J’entendis le moteur d’une voiture. Sokonie partit en sprint pour essayer de prendre de l’avance sur eux. J’entamai la même démarche afin de pouvoir leur échapper. Cependant, nous ne faisions pas le poids devant une voiture. C’est pour cela qu’en voyant la rivière à côté de nous, je n’hésitai pas. Je sautai. Sokonie fit de même et nous partîmes dans les profondeurs de l’eau glacée.