Ma main lâcha le téléphone qui tomba par terre.
Comme si j’avais reçu un coup de marteau sur la tête, j’étais sonné, encore étourdi de ce que Soko’ venait de m'annoncer. Sa dernière phrase résonnait encore dans ma tête. J’essayais tant bien que mal de reprendre mes esprits car je savais pertinemment que ma réaction était excessive ! Mais rien n’a faire : je ne me contrôlais plus … comme si mon corps et mes sentiments réagissaient d‘eux-mêmes. Cette sensation, c’était comme si j’avais appris qu’une chose grave était arrivée à des amis, mes amis … c’était un mélange d’inquiétude et de colère.
« Pourquoi je réagis comme ça ? Je sais que je les adore mais ce n’est qu’un groupe de musique après tout ? Pourquoi je suis terrifié quand je pense au fait que trois d’entre eux sont à l’hôpital ? » .
Non … cette inquiétude devait être normal. Tous leurs fans devaient avoir eu une réaction plus ou moins similaire à la mienne, je suis sûr que Kuusou devait aussi être dans tous ses états. Je n'avais plus les idées claires.
Je décidais alors de m’enfermer dans ma chambre pour essayer de me calmer. Je ne voulais voir personne, ni parler à qui que ce soit. Pourtant, paradoxalement, je voulais que quelqu’un me dise qui avait fait ça ? Où et pourquoi ? Quel raison pousserait quelqu’un à vouloir tuer un des membres de 2PM ? Ces questions m’obsédaient l’esprit. Je n’arrivais pas à penser à autres choses, à tel point que j’eus du mal à m’endormir.
Le lendemain matin, je me réveillais encore tourmenté par la nouvelle d’hier. Je voulais en savoir plus, mais étant donné que je n’avais pas internet je ne pouvais plus vérifier chez moi sur mon ordi directement. Je décida alors de sécher les cours de la matinée pour le peu que ça m’intéressait et d’aller dans un cybercafé pas loin de chez moi. Le prix pour une heure était assez cher, mais étant donné la situation ça m’importait peu. J’allai sur Soompi, je vis le titre en gros et je lus la nouvelle :
« Aujourd’hui c’est tenu le Concert de 2PM à Nanjing (Chine). Lors de ce concert tout se déroula normalement... jusqu’au moment de l’incident. Au moment où les membres de 2PM chantaient leur musique « Thanks you » pour leurs fans, trois couteaux ont été jetés presque simultanément à trois endroits différents de la fosse dans la direction de Junho, où étaient alignés trois autres membres derrière lui. Apparemment, les quatre membres ont été blessés et d’après le message sur twitter posté par leur manager « Junho et les trois autres membres (dont nous ne voulons pas préciser les noms pour le moment par mesure de sécurité) derrière lui ont été blessés par ses couteaux lancés du public. Nous pensons que ceci était une menace ou une tentative de meurtre, nous donneront plus de nouvelles dans les prochains jours. En attendant, nous comptons sur le soutien des fans. »Les suppositions sur les coupables persistent et tout porte à croire qu’il s’agirait de fan chinois, mais rien n’est sûr. Une enquête est en cours suite à la plainte portée par leurs agence, JYP Entertainment.
Suite à sa, la tournée des 2PM en Asie risque d’être annuler le temps d’en savoir plus. Et vous que pensez-vous de cet incident ? » Ça me mettait hors de moi:qui avait pu faire ça ? Et pourquoi utiliser des couteaux ? C’est insensé ! Si c’était vraiment une tentative de meurtre, pourquoi ne pas utiliser directement une arme à feu … qu’est-ce que je disais moi … heureusement que non ! Mais autre chose m’intriguais dans cet article je ne savais pas quoi … il y avait quelque chose d’étrange. J’eus beau relire l’article je n’arrivais pas à savoir quoi.
Ensuite je lus les commentaires qui disaient un peu tous la même chose, entre ceux qui donnaient leurs avis, ceux qui étaient offusqués ou ceux qui montraient directement leur soutien « rétablissez-vous » ou encore « Fighting », ou encore d’autres qui accusaient les chinois en critiquant la sécurité lors de ce concert. Certains disaient aussi qu’on pouvait en savoir plus directement sur twitter, un réseau sociaux dont je n’avais pas encore de compte.
J’allai donc me créer un compte et commença un peu à feuilleter la page. C’était assez différent de Facebook que j’avais l’habitude d’utiliser. Mais je compris assez vite le système et je chercha aussitôt les Tweets des membres de 2PM. Mais je compris qu’aucun d’entre eux n’avaient posté de tweet depuis la veille. Cependant, je retrouva celui du manager et constata que la réaction fut assez similaire que sur Soompi (j’utilisais le site Flitto pour pouvoir traduire les tweets en français).
Je décidais alors de poster moi aussi un tweet de mon mécontentement et dans l’état que ça me mettait. L’heure convenue était passée et la dame qui gérait le cybercafé me demanda d’éteindre mon ordinateur.
Je rentra chez moi encore plein de questions par rapport à tout ça. Était-ce vraiment les chinois qui étaient responsables de ça ? Après tout, c’étaient chez eux que c’était arrivé ... Et puis avant d'y aller, le groupe n'avait eu aucun problème, du moins aucun ne sont jamais remonté jusqu’en France. Ou alors, si on y réfléchit bien, ça aurait pu être un coup monté pour porter la faute sur les fans chinois. Hum, trop de suppositions sans réponses.
J’essayais de penser à autre chose et décidai d’envoyer un message à Soko’ en m’excusant pour la veille et lui demandant à quelle heure je pouvais la rappeler. Elle m'a répondu affirmatif sur les coups de 20h.
Je décidais finalement de sécher les cours de l’après-midi aussi. Je préférais rester chez moi pour apprendre le coréen à l’aide de cours que j’avais imprimé préalablement quelques jours avant. Après avoir revu les bases et quelques expressions pendant quelques heures, je remarquai qu’il était déjà 17h. Le temps était passé si vite, et pourtant mon inquiétude pour les 2PM était encore là, je savais que ça me rongerait tant que je n’aurais pas d’autres nouvelles.
Je pris la décision d’aller à mon cours de Hip-hop plutôt que d’habitude, comme ça je pourrais appeler Soko’ à 20h comme il était prévu… et je pensais aussi que ça pourrais peut-être me changer les idées.
Arrivé sur Melun, j’entrai dans mon club d’Hip-hop et mon professeur fut surpris de me voir à cet heure. Je lui expliquais alors qu'à la séance d’après je ne pouvais pas venir et que je voulais avancer la mienne. Il comprit et me laissa entrer dans le cours.
Je rejoignis ensuite les autres danseurs et l’échauffement commença sous la musique de Nelly Furtado - Promiscuous ft. Timbaland. Mon corps se laissa emporter par le rythme, je voyais que j’étais pas très synchro avec le reste du groupe, pourtant les mouvements étaient assez simple, mais c’était l’échauffement et notre professeur nous disait toujours d’aller à notre propre rythme pour s’échauffer. Je ne fis donc pas attention aux regards autour de moi.
Puis l’entraînement commença vraiment sur Macklemore - Can't Hold Us feat. Ray Dalton que nous travaillons depuis quelques jours. Ce soir, trop de choses me préoccupaient et ça m’énervait, alors je me forçais à oublier, à faire le vide dans ma tête, le temps de mon cours de Hip-hop et juste profiter de ce moment sans avoir à me soucier de mes problèmes.
Je commençai à danser dans l’ambiance générale. Tout le monde était à fond, je le ressentit et voulu donner le meilleur de moi-même, au point que je ne prenais pas le temps de respirer correctement, ce qui me coûta un point de côté au bout de quelques minutes. Pourtant, je ne voulais pas m’arrêter, je continuais : un mouvement en arrière, lever les mains, tourner dans un sens puis dans l’autre, puis réceptionner ma partenaire qui devait faire un saut dans mes bras pour ensuite enchaîner sur des mouvements assez fluides et rapides dans un ordre bien défini. On répéta ses nombreux mouvements non-stop pendant 30 minutes. Puis on recommença une dernière fois, j’avais fait le vide, je pensais plus qu’aux mouvements de cette danse. Mais au moment de réceptionner ma partenaire comme je devais le faire, je sentis une douleur qui passa dans tout mon corps et je perdis connaissance pendant quelques secondes. Elle ne fit pas attention et fit son saut habituel. Elle m’agrippa à peine le cou que je tombais sous son poids. Moi sur le dos, elle sur mon torse. Elle était gênée et s’excusa.
Le cours prenant fin, mon professeur me conseilla d’aller voir un médecin, juste par prévention, pour voir si je ne m’étais pas fait mal quelque part. Ça m’embêtait car je savais que si j’allais voir mon médecin, je ne serais jamais rentré avant 20h. Cependant, je décida d'y aller quand même.
Après être arrivé et avoir attendu pendant une vingtaine de minute dans la salle d’attente du cabinet, il me fit entrer et le médecin m’examina. Il me regarda d’un air intrigué, comme si quelque chose n’allait pas sur moi. Il me posa quelques questions comme « manges-tu varié ? », « fais-tu du sport ? » et où je répondais affirmatif.
Tout d'un coup, il me posa la question si j’avais des démangeaisons quand je me mettais à pleurer, à rire ou quand j'étais énervé. Je trouvais cette question assez bizarre, mais quand j’y pense, c’était vrai que c’était le cas. Seulement, pour moi, ça me paraissait normal, je lui répondis alors affirmatif.
Il me demanda alors d’aller faire des examens à la clinique de Melun. Il essayait de me dire ça comme si c’était juste par formalité … mais je voyais bien que quelque chose le préoccupait. Je ne comprenais pas, mais ne voulant pas perdre plus de temps, j’accepta et lui répondit que j’irais le lendemain.
Sorti de son cabinet, je marchais jusqu’à l’arrêt de bus le plus proche. Pendant le trajet du bus, je m’endormis, exténué de cette journée. Je me réveilla un peu avant mon arrêt et descendis à celui-ci.
Je regarda soudainement l’heure : 20h02. Je pris mon téléphone en composant le numéro de Soko’, tout en marchant dans ma rue en direction de chez moi.
« - Allô ! Soko’ ça va ? Lui demandais-je.
- Oui … euh, ça serait plutôt à moi de te poser cette question ? Me dit-elle en prenant une voix compatissante.
- Ouais si on veut... Pourquoi tu m’as rien dit pour l’histoire des couteaux lancés sur les 2PM hier soir ? Lui reprochais-je.
- Non mais t'as vu la réaction que t'as eu ? Tu m’as même pas laissé finir que tu m'avais déjà raccroché au nez ! Je me suis inquiétée je te signale ! Je t'es rappelé au moins 10 fois ! Me répondit-elle un peu agacée de cette question.
- Inquiétée ? Ça ne t'as pas empêché de dormir à ce que je sache … Bref, ma réaction était un peu excessive, je le reconnais... Mais d’un côté c’était normal ! Un des membres de 2PM a été blessé ! Je ne pouvais pas rester là sans rien faire ! M’écriais-je au téléphone, heureusement qu’à cette heure-ci, il y avait personne dans les rues où je passais.
- Ah parce que t’as fait quelque chose qui a changer quoi que ce soit à la situation ? Alors ce n’est pas la peine de passer tes nerfs sur moi. Parce que si c’est pour t’excuser et me ré-engueuler par la suite, je ne vois pas l’intérêt ! S'énerva-t-elle.
- Je m’énerve pas sur toi, c’est juste que me dire que quelqu’un essaie de les tuer et qu’on ne sait rien à ce sujet m’énerve. J’ai envie de faire quelque chose pour changer ça ! lui dis-je en essayant de calmer la tension que j’avais moi-même créé.
- Mais qu’on n’en sache plus ou pas, ça changera quoi ? Toute manière, de là où on est, on peut rien faire ! Rends-toi à l’évidence, c’est triste à dire mais on peut seulement regarder … Après tout, ce cas est assez similaire au scandale qui avais eu lieu quand Jae Boom avait quitté le groupe, remarqua-t-elle en reprenant une voix plus posée.
- Moi je suis sûr qu’on peut faire quelque chose ! On ne peut pas rester les bras croisés à se contenter de regarder ! Puis je suis au courant pour ce scandale, mais bon je ne vois pas le rapport entre ce qui est arrivé à Jay et cette agression qui les concerne directement, lui dis-je avec un air intrigué, voulant savoir là où elle voulait en venir.
- Qu’est-ce tu veux faire ? Plaquer toute ta vie en France et partir en Corée ? Et une fois sur place, qu’est-ce que tu feras de plus ? … Le rapport c’est que les 2PM ont gardé le secret sur les raisons qui ont forcé Jay à quitter le groupe. Et que, suite à ça, ils ont été victimes de plusieurs types d’agressions et étaient accusés de trahison par leurs soi-disant fan. Pourtant, ils ont su gardé la tête haute et ont continué leurs carrière malgré les mauvaises langues... Donc t'as pas à t’en faire pour eux, me résuma-t-elle sur un ton des plus normal.
- … et après ça, je suis censé ne pas m’inquiéter ? … Excuses-moi, mais je raccroche, n’essaies pas de me rappeler : je répondrais pas, finissais-je d’un ton assez sec et je raccrochai par la suite.
Elle entendit le Bip dans son téléphone.
- Jason ?! Non mais deux fois en deux jours ! Mais qu’est-ce qui lui prend là ?! »
… Elle s’attendait à quoi en me disant ça ? À me rassurer ? Pensais-t-elle vraiment que je serais plus tranquille en sachant que le groupe avait déjà été victime d’agressions ?! … Jamais … Au contraire, ça me travaillait encore plus.
Arrivé chez moi je monta directement dans ma chambre, en lâchant au passage un petit bonsoir à ma mère, et m’enferma dans ma salle de bain. Après mettre lavé et brossé les dents, je me coucha directement. Mais encore une fois, j’avais du mal à m’endormir et repensais aux paroles de Soko’. Je savais que j’avais été dur avec elle et qu’elle n’y était pour rien, une partie de moi était même d’accord avec ce qu’elle disait. C’est vrai, qu’est-ce que je peux faire de plus pour changer cette situation ? … Rien. Mais pourquoi fallait-elle qu’elle soit si terre à terre … et puis, partir pour aller en Corée, était-ce si insensé que ça ? … Tant de questions sans réponses. Après quelques minutes, je réussis finalement à m’endormir.
Le lendemain, j’allai en cours la matinée avec une idée derrière la tête. J’avais management … enfin, une matière parmi tant d’autres que je trouvais inintéressantes dans ma licence.
Je me mit à côté de mon ami Léo et, lorsque le cours commença, lui demanda son téléphone portable et il accepta. C’était un Iphone 5, je commençai donc à ouvrir une page d’internet, et essaya d’en savoir plus sur l’affaire de Jay Park quand il avait quitté 2PM. Je cherchais pendant presque trois quarts d’heures sans rien trouver. C’était étrange, comme si le scandale avait été jeté aux oubliettes et aucuns détails de ce qui s’était passé n'a été révélés. Je repensai alors à ce que m’avais dit Soko’... Cette histoire ne pouvait pas s’être réduite à quelques mots dits sur internet à l’encontre de son pays pour avoir fait « scandale ». Mais d’après mes recherches, c’était la seule raison qui était donnée … Mais j’en doutais fort …J’y pouvais rien, c’était comme une intuition.
Voyant que ces recherches n’aboutissaient à rien de concret, je lâchai l’affaire et rendit le téléphone à mon camarade.
Les cours de la matinée passèrent plus ou moins lentement. Une fois finis, je décidai d’aller à la clinique dans après-midi comme me l'avait demandé mon médecin. Arrivé devant la clinique, j’allai en direction de l’accueil. Expliquant que j’étais ici pour des examens de la part de mon médecin, la secrétaire me demanda le nom de celui-ci, je lui donna et elle me demanda de patienter quelques minutes, le temps qu’on s’occupe de moi.
Les quelques minutes se transformèrent en une heure d’attente. J’en avais marre, j’avais l’impression de perdre mon temps. C’est d'ailleurs pourquoi je détestais les cliniques, le peu de fois que j’y posais un pied il fallait toujours attendre des plombs pour qu’on s’occupe de toi.
Enfin un médecin m’appela et je le suivit de ce pas dans une des salles d’examen. Il me posa les mêmes questions que son prédécesseur (à croire qu’avoir des démangeaisons en cas d’émotion si « forte » était rare) et je lui répondai les mêmes réponses. Il commença à prendre un air préoccupé puis reprit son expression du départ. Il me demanda alors d’aller voir l’infirmière dans la pièce d’à côté et de me faire faire une prise de sang ainsi qu’une radio complète.
Je commençais un peu à m’inquiéter … Pourquoi autant de mesures pour des simples démangeaisons ? Enfin, j’étais le patient et lui mon médecin, je me contentais donc de suivre les directives.
Tout ceci me prit pas mal de temps et quand je sortis il faisait quasiment nuit. J’avais laissé mon adresse mail au médecin pour me prévenir quand il aurait mes résultats d’examen. La soirée passa, je décidai d’écouter le single « Dont’ stop can’t stop » de 2PM avant de me coucher … et une idée me traversa l’esprit avant que je m’endorme profondément.
Quelques jours passèrent, on était un dimanche et j’avais enfin récupéré internet ! J’allai très rapidement sur Soompi pour voir si des nouvelles avaient été données sur l’affaire de tentative de meurtre envers les 2PM, mais rien ... Il n’y avait aucune nouvelle de cette affaire depuis maintenant six jours, on n’avait ni nouvelle sur les coupables, ni sur l’état de santé des quatre membres de 2PM, ni sur la soi-disant enquête menée. Il n'y avait qu'un tweet qui avait été posté deux jours avant sur le message tweeter du manager qui, lui, avait été poster six jours auparavant.
« Li Park Alvise @ Manager2PM
Ce soir, à Nanjing, c’était un autre avertissement et comme tu as pu le lire, alors arrêtes toi ou dans un an c’est nous qui mettrons un terme à cette légende pathétique qui a trop duré. En prenant la vie de 2PM, on permettra aux gens qui sont devenus votre ombre d’avoir une existence propre à eux-mêmes. » Quand je lu ce commentaire j’étais choqué, sans voix. Ce message … mon instinct me le disait, je le sentais ! Ces mots n’étaient pas des paroles en l’air ! Pourtant, j’avais l’impression d’être un des seul à prendre ses mots au sérieux. La quasi-totalité des gens ne s’était pas attardé sur le message en concluant que c’était juste des anti-fans ou quelqu’un qui voulait se la jouer sur une blague « pas drôle ».
Voulant toujours en savoir plus j’allai directement sur Twitter et, là encore, aucun tweet de la part des membres des 2PM, pas même de leurs agence. La menace du tweet posté à leurs égard n’avait l’air d’affolé personne. Les réactions étaient similaires aux internautes de Soompi. Je ne comprenais pas, pourtant, c’était clair qu’il avait quelque chose de louche dans ce message. Je regardai le tweet que j’avais posté il y avait 6 jours de ça et vit alors que quelqu’un y avait répondu.
« Amita Desoru @Jason Woo’
On est d’accord que ce qui est arrivé est horrible et qu’on aimerait bien en savoir plus … mais rends-toi à l’évidence que tu ne pourra rien n’y changer. Alors ça sert à rien de râler avec ton message. Toute manière, tu ne seras jamais qui sont les coupables. Et puis si jamais c’est un coup des anti-fans (… qui semblerait évident) et bien ils continueront toujours … même si certains se font prendre. Le prend pas mal, mais ça m’agace un peu les gens comme toi qui pense changer quoi que ce soit avec leurs grands discours de mécontentement. » Ce message me rappela la conversation que j’eus avec Soko’ au téléphone en début de semaine. Ça m’énervait parce que même s'il y avait du vrai dans ce qu’il disait, je ne comprenais pas pourquoi les gens trouvaient ça normal, le fait de ne rien essayer de faire pour les aider. Je me décida alors de lui répondre et de dire ce que je pensais des gens comme elle et de son commentaire.
« Jason Woo’ @ Amita Desoru
Et moi c’est les gens comme toi qui m’agace, juste là à faire remarquer l’évidence ! Tu penses qu’en ayant cette attitude on les soutiens comme on devrait le faire ? Chercher qui sont les coupables pourrait sans doute les aider ! C’est ce genre d’aide qu’on pourrait apporter, nous, les fans. Quelqu’un devrait faire quelque chose justement, contre tous ses anti-fans ! Pas les forcer à aimer mais à les rendre moins dangereux. » J’étais remonté et fulminais intérieurement. Je fermai ensuite la page de twitter. Je voulais arrêter d’y penser et décida donc de réviser un peu le coréen grâce à un site qui me permettait de travailler l’oral.
Au bout de quelques heures, je m’arrêta et repensa à une idée, ou plutôt un projet, que j’avais en tête depuis l’autre soir … mais j’eus beau retourner cette idée dans tous les sens, ça me semblait impossible et surtout infaisable. Je retournais alors sur tweeter et constata que cette « Amita » m’avait répondu.
« Amita Desoru @ Jason Woo’
Et les licornes dans ton monde parfait elles sont où ? … --‘ Non mais, sérieusement, t'as fini de rêver ?! Reviens à la réalité un peu … tu penses les trouver comment tes coupables qui sont à des milliers de kilomètres en Corée ? Et puis, si vraiment t’y tiens à cœur, pourquoi tu ne serais pas cette personne ? Ah oui c’est vrai, tu penses peut-être qu’un super héros va sortir de nulle part et s’occuper de ta requête et de tous ces méchants anti-fans ? Désolé de couper court à tes rêves mais CA ! Ça n’existe que dans les contes de fées. Acceptes juste la réalité : t'es juste un fan de plus choqué par la nouvelle mais qui va vite reprendre le cours de sa petite vie quand, d’ici un mois, l’histoire sera passée. Je ne te rabaisse pas... loin de là, parce que je ferais partie de ces personnes et ainsi la vie suit son cours. » Je ne pus rien répondre à ces mots... D’un coup je me senti mal, je me sentais impuissant à ses mots tellement cruels mais tellement réalistes. C'est vrai, dans quelques mois les gens passeront à autres choses et les anti-fans continueront leurs actions. Et apparemment, ça n’affectait personne. C’était comme si les choses étaient normales et qu’on devait laisser faire et ne pas s’en préoccuper. Ça me rendais fou ! Comment pouvait-on rester là sans rien faire ?! Voir la cruauté qui nous autour et juste vivre avec … je ne pouvais pas le supporter. Mais d’un côté, d’où j’étais … qu’est-ce que je pouvais faire ? … Rien, absolument rien.
Puis cette histoire de menace sur twitter me tracassait. Dans le début de ce message, il parlait « d’un autre avertissement » … En avait-il déjà reçu plusieurs auparavant ? Hum, fort plausible, après tout, les anti-fans sont nombreux. Mais sur le message il parlait de ce qu’ils avaient pu lire ? Qu’est-ce qu’il entendait par là ? Il y aurait-il eu des menaces accompagnés des couteaux lancés lors de ce concert ? … Je ne savais pas, je savais plus … Il y avait encore tellement de questions et toujours sans réponse.
Au même moment que mon esprit était tourmenté je reçu un appel de Nonore … je n’avais pas la tête à parler mais je répondit quand même.
« - Allô ! Jason ! C’est Nonore ! Ça va ? Me demandait-elle avec son accent perceptible même au téléphone.
- Ah … Salut Nonore … Mouais ça pourrait aller mieux, et toi ? lui répondais-je avec une voix assez faible.
- Moi tranquille, ta voix est bizarre t'es sûr que ça va ? Insista-t-elle sur le « ça va ? », de tout évidence, non ça n’allait pas ! Mais je me retenais...
- Bien sûr que ça va ! Tu voulais me demander quoi ? Lui dis-je en essayant d’avoir une voix normale.
- J’ai appris pour les 2PM … je suis désolé, ça me fait chier aussi … mais fighting Oppa je suis sûr qu’ils vont bien ! On parle des 2PM hein, essaya-t-elle de me rassurer.
- Qu’ils vont bien ? Parce que t'as lu quelques part qu’ils allaient bien, toi ? Bref... Merci Nonore mais même si c’est les 2PM ça reste des humains … soyons réalistes … et qui sait si ça se reproduira encore dans un avenir proche …, répliquai-je d’une voix sans émotion.
- Pense pas comme ça Jason ! Faut rester positif et continuer à les soutenir ! C’est le mieux qu’on puisse faire et le minimum je pense. D’ailleurs, on te voit plus trop sur le forum …, osa-t-elle, toujours avec sa petite voix encourageante.
- Mouais positif … Si tu savais comme je le suis entre mes cours, mon rêve, ma santé... Je sais plus trop quoi faire... M’enfin en ce qui concerne le forum, en ce moment je n’ai pas la tête à ça tu excuseras, lui-dis-je d’une voix maussade.
- Santé ? Qu’est-ce que t’entends par là ? Tu m’inquiètes... Et t’en fais pas pour le forum, tu reviens dès que ça va mieux hein, me rassura-t-elle d’une voix incroyablement compréhensible.
- Hum … je te remercie. Non, t’inquiète, pour la santé c’est rien de grave. J’ai fait des examens pour des petites démangeaisons et du coup je dois récupérer mes résultats … normalement dans deux jours, l'informais-je d’une voix rassurante.
- Je vois, tu me tiens au courant quand t'as tes résultats hein ! Bon, je raccroche mes parents m’appellent, je dois aller manger, je te dis a plus Oppa ! » Me dit-elle avant de raccrocher.
Je posa mon téléphone à côté de mon lit et m'allongea sur mon lit. Je prit ensuite mes écouteurs et m’isolais dans ma bulle. J'avais besoin d’essayer de faire le vide dans ma tête, m’évader… fuir la réalité … Mais j’eus à peine le temps d’écouter une musique que je reçu un e-mail de mon médecin me demandant d’apporter la photocopie du carnet de santé de toute ma famille mardi … Il commençai à m’inquiéter … Est-ce que j’allais vraiment bien ?
On arrivait le mardi. Comme me l’avait demander mon médecin, j’avais fait la photocopie du carnet de santé des personnes de ma famille. J’eus d'ailleurs de la chance car ma mère conservait un dossier avec des photocopies du carnet de santé d’un peu près tous les membres vivants de ma famille. En y repensant, je trouvais ça bizarre, mais ma mère voulait prévoir au cas où si un jour un don de sang serait nécessaire pour voir qui serait compatible avec qui.
Je mit donc tout ça dans mon sac et partis en cours. Comme d’habitude, les cours passaient avec une lenteur exaspérante et ceux-ci finis j’allai à mon cours de Hip-Hop avant d’aller à la clinique récupéré mes résultats.
Cette fois-ci, mon échauffement se faisait sous la musique de Imposs ft.Konshens – Feel so right,. Aujourd’hui, j’étais un peu plus enthousiasme que la dernière fois, je me défoulais ainsi pendant cet échauffement comme si c’était le dernier … étrange. Ensuite, l’entraînement se poursuivit sur notre chorégraphie habituelle (c’était pour le spectacle qui aurait lieu dans six mois mais je n’étais pas concerné et ma partenaire non plus, on était juste là pour le plaisir de danser). Macklemore Can't Hold Us (feat. Ray Dalton) démarra alors et nous commencions à danser. On répéta les mêmes mouvements que les semaines d’avant, en y rajoutant cette fois-ci, quelques pas supplémentaires.
A la fin du cours je partis assez rapidement pour arriver assez rapidement à la clinique afin anticiper l’attente et ne pas rentrer trop tard chez moi.
Arrivé devant la clinique, il était 19h30. J’avais un sentiment bizarre en l’apercevant, ce n’était pas la fatigue mais plutôt comme une sensation d’un froid glacial qui se dégageait de mon corps. N’aimant pas cette sensation, j’entrai vite dans la clinique et me dirigea instantanément au bureau d’accueil en donnant mon nom et prénom. Me préparant à aller attendre sur un des sièges, la secrétaire m’interpella et me demanda d’aller directement voir mon médecin qui m’attendait en salle 6 au rez-de-chaussée. À ma grande surprise, j’y allais de ce pas en me disant que, finalement, la chance me souriait un peu : j’allais pouvoir récupérer mes résultats avec un traitement anti-démangeaison enfin je supposais, et pouvoir enfin rapidement rentrer chez moi.
J’entrai et vu mon médecin … et là je comprit sur l’expression de son visage que je ne repartirai pas ni rapidement ni avec un simple traitement anti-démangeaison. Je décida d’engager directement le dialogue.
« - Bonsoir docteur. J’ai apporté les photocopies des carnet de santé des membres de ma famille que vous m’aviez demandé. C’est une chance que ma mère conserve elle-même ces photocopies, lui dis-je en essayant d’être enthousiasme et surtout de lui changer l’expression de son visage qui ne me rassurait pas du tout.
Il prit les photocopies et demanda à l’infirmière à côté de vérifier le groupe sanguin de chaque membre de ma famille.
- Merci, asseyez-vous Alexis. I faut que je vous parle … on a les résultats de vos examens et…, commença-t-il avec une voix lente et hésitante.
- Hum, oui docteur … ces résultats donnent quoi, quelque chose ne va pas ? lui demandais-je en commençant à trouver l’ambiance de la salle assez glauque.
- Oui, Alexis … on a découvert que vous aviez une maladie rare… très rare, m'avoua-t-il avec une voix sérieuse et calme à la fois.
- Et cette maladie « très rare », c’est grave ? Elle peut nuire à ma vie de tous les jours ? Lui dis-je d’une voix inquiète.
- Cette maladie s’appelle « Promotheus Dixiogenèse Alpha ». C’est une maladie rare et mortelle, c’est une cellule qui ravage tout se…, commença-t-il à m'expliquer d’un ton professionnel que j’interrompu aussitôt.
- Attendez, je me fous des explications de cette maladie ! Faites simple ! Vous dites qu’elle est mortelle, il existe un traitement ? Ça peut se soigner, n’est-ce pas ?! lui dis-je en m’emballant. Je commençais sérieusement à avoir peur, et lui il m’annonçait ça comme si j’avais une grippe, du moins, c’est comme ça que je le percevais.
- Cette maladie est mortelle mais nous l’avons diagnostiqué assez rapidement. Toutefois, elle est très difficile à soigner. Il existe un traitement mais …, continua-t-il toujours avec son air sérieux... cependant je ne comprenai pas... c’était trop brutal !
- Mais comment de simples démangeaisons ont pu conclure à une telle maladie ? Ce n’est pas possible ! Et puis, pourquoi m’avoir fait venir avec ses photocopies si c’est une maladie mortelle ! J’ai combien de temps encore devant moi ?! Dix ans ?!! Cinq ans ?!!! l’engueulais-je, j’étais énervé, je ne pouvais plus me contrôler.
- Les démangeaisons en soi sont pas un problème, mais dans votre cas, vous en avait seulement lors d’émotion forte. C’est un des premiers symptômes de cette maladie et pour être sûrs, nous vous avons fait une prise de sang avec une série de test … et vous êtes positif à tous les résultats. Malheureusement, il ne vous reste pas autant d’années … à ce stade, il devrait vous rester exactement deux ans à vivre, me dit-il essayant maintenant d’être compatissant.
- Je … il me … reste que deux ans ? DEUX ANS ?! Mais ça peut-être soigné non ? Vous aviez dit que c’était difficile mais que c’était curable !paniquai-je … j’avais peur, j’essayais de m'accrocher au moindre espoir.
- Calmez-vous ! J’ai dit que c’était difficile de le soigner car, pour cela, vous avez besoin d’un don du sang et d’une greffe de moelle osseuse d’une personne complémentaire à votre groupe sanguin … c’est pour ça que j’ai demandé le carnet de santé de votre famille, pour voir si quelqu’un est compatible. L’infirmière est en train de vérifier et on devrait le savoir dans quelques minutes » me dit-il en essayant d’être optimiste.
Je ne disais plus rien mais je priais pour quelqu’un soit compatible. L’infirmière revenu et chuchota à l’oreille du médecin. Ça me stressa encore plus et c’est alors que je pris la parole.
- Bon, pourquoi ces messes basses ? À ce stade, je pense qu’il est inutile de me le cacher, dis-je d’un ton exaspéré.
- Désolé mais c’est bien ce que je craignais … aucun membre de votre famille n’est compatible, ou devrais-je dire complémentaire, à votre groupe sanguin pour un don ou une greffe de moelle osseuse.
- Comment ça vous le craigniez ? Vous le saviez qu’ils ne seraient pas compatible ? M’exclamais-je alors.
- Non, c’est juste que le problème de cette maladie c’est qu'elle est aussi rare que votre groupe sanguin. La particularité et le problème c’est que votre groupe sanguin est du groupe OP²+RX et qu’elle est seulement compatible avec un groupe sanguin OP²-RY.
- J’ai du mal à vous suivre... mon groupe avec lequel il est compatible a pourtant l’air différent.
- J’y viens … La particularité de ces deux groupes sanguins c’est qu’ils sont uniques, c’est-à-dire qu’il n’existe qu’une seule personne avec le groupe sanguin OP2²+RX qui est donc vous et qu’une seule personne avec le groupe sanguin OP²-RY … Et que l’un est l’autre sont complémentaires et qu'en cas de don du sang ou moelle osseuse l’un a besoin de l’autre et vice versa. C’est des groupes sanguins binomiales, m’expliqua-t-il. Pendant qu’il me racontait ça j’eus une drôle de familiarité avec cette explication …
- Donc en gros, si je comprends bien, il y a seulement cette personne qui peut me sauver...? Et que j’ai seulement deux ans pour retrouver cette même personne sur les sept milliards qu’il y a sur Terre ! Ce qui revient à dire que c’est presque impossible que je la trouve et que je suis donc bien condamné à mourir d’ici deux ans. Et d’ailleurs, comment vous pouvez être sûr que ça soit dans deux ans et pas trois ? Le défiai-je.
- C’est pour ça qu’on vous avait demandé les photocopies du carnet de santé de votre famille, car j’ai déjà eu un cas similaire où l’on avait découvert que parmi les membres de la famille du patient, l'oncle était compatible. Malheureusement, on l'a su qu’après sa mort et je ne voulais pas répéter cette erreur mais il est rare que les groupes sanguins binomiales se retrouvent dans une même famille. Pour ce qui est du temps, c’est dirait-on, l’avantage de cette maladie : selon la progression et quand elle apparaît, on peut déterminer dans combien de temps elle atteindra sa phase terminale, m'expliqua-t-il.
- L’avantage… à qui le dites-vous … se savoir condamner n’a rien d’avantageux … Mais vous avez parlez d’un traitement, il consiste en quoi ? lui demandais-je dépité.
- Oui, votre maladie est à la base une maladie dégénérescente, c’est-à-dire qu’elle ronge vos cellules une par une. En autre, sans ce traitement vous perdriez l’usage de chaque partie de votre corps au fur et à mesure. Mais avec le traitement, cela vous empêchera d’être dans cet état jusqu’au jour fatidique.
- … ma mort. Dans cas là, prescrivez-le moi Je n’ai pas envie de vivre mes prochains jours comme un légume.
- Toutefois, ce traitement présente des effets secondaires assez spéciaux..., m'avertit-il.
- Évidemment ça ne pouvait pas être aussi simple …, dis-je d'un air sarcastique alors même que j'étais sous le choc, provoquant ces réactions assez incompréhensibles. Et qu’elles sont-ils ces effets ?
- Hum, je m’explique : le traitement en empêchant la maladie de ronger vos cellules lentement jusqu’au cœur n’empêcheront pas la maladie de se déplacer jusqu’à votre cœur. Mais en faisant ça, le traitement va modifier lentement votre métabolisme provoquant ainsi, de temps en temps, des chocs sensoriels imprévisibles. C’est-à-dire qu’en prenant le traitement, il arrivera que vous deviendrez sourd mais que vos yeux pourront soudain se mettre à capter les sons à la place de vos oreilles, ce qui engendra des tremblements oculaires si les sons sont trop forts et il se peut même que des saignements surviennent. Quand ces moments arriveront, il vous suffira de fermer les yeux jusqu’à que l’effet s’estompe. C’est un médicament qui se prend une fois par semaine à la même heure. Dans votre situation, ce traitement vous sera entièrement remboursé par la sécu, finis-t-il, en me préparant l’ordonnance.
- Oh c’est bien, je devrais être satisfait, je vais connaître des sensations uniques jusqu’à ma mort. Enfin, sur ce je vous souhaite une bonne soirée docteur … parce que la mienne, vous voyez, je pense qu’elle est foutue …, dis-je d’une voix peu convaincante.
- Je suis désolé … Mais aller chercher votre ordonnance à la pharmacie ce soir et commencez le traitement le plus tôt possible. Je vous souhaite bon courage monsieur Hupicarne », me lança-t-il en me donnant l’ordonnance. Je ne lui répondit pas et commença à partir.
https://www.youtube.com/watch?v=mDZKvLp3Hlw Je sorti de l’hôpital, mon dossier médical dans la main gauche. J’étais perdu dans mes pensées, marchant dans la rue sans savoir où aller. J'eus l’impression que mon corps était vide. Qu’est-ce que j’étais censé faire maintenant ? Comment pourrais-je me lever demain pour aller en cours comme d’habitude, en sachant qu’il me resterait que seulement deux années à vivre ? C’était juste impensable …
Mais le pire dans tout ça, c’est que je me souciais pas tellement de ce qu’il pouvait m’arriver mais surtout comment j’allais faire pour mon entourage. Je ne pouvais tout simplement pas leur annoncer ça. Déjà que ma mère était assez contrariée à cause de nos problèmes financés, je ne voudrais pas lui rajouter une inquiétude supplémentaire... Je devais le garder pour moi. Pourtant, dans ces nuages noirs de pensées, je ne pouvais cesser de repenser à la conversation que j'avais eu il y a quelques jours sur Twitter et qui concernait la blessure de Junho et des trois autres membres. J’allais mourir et donner raison à cet « Amita » : j’aurais seulement parlé et rien fait. Ma vie se résumerait à être un étudiant lambda mort à cause d’une maladie rare. Je ne voulais pas ça …
Quelqu’un devant moi m’interpellait alors et je reconnus de suite Chou’. J’étais surpris, qu’est-ce qu’elle faisait là ?
« - Hey ! Jason ça va ? T'as l’air bizarre, il s’est passé quelque chose ? me demanda-t-elle avec un regard inquiet.
- Oui … oui ça va... enfin, j’ai connu des jours meilleurs. Et sinon, qu’est-ce tu fais ici ?
- … j’étais venu voir une amie. Et toi t’es venu faire quoi ? m'interrogea-t-elle d'un air étrange, comme si elle attendait une réponse précise.
- Ah, bah je me promenais, j’avais un truc à faire et je l’ai fait, donc maintenant je vais y aller, c’était sympa de se voir., lui mentais-je.
Comment aurais-je pu lui dire que je venais d’être condamné à mort alors que moi-même j’avais du mal encore à le réaliser …
- Jason … Pourquoi tu me mens ? Tu ne me fais pas assez confiance pour me le dire ?! me reprocha-t-elle.
- Hein ? Qu’est-ce tu racontes ? Pourquoi je te mentirais ? Je faisais vraiment un tour …
Elle m’arracha mon dossier des mains.
- Tu crois que je ne sais pas reconnaître un dossier médical de loin ?!, je sentis alors toute la colère dans sa voix.
J’étais surpris, j’avais été obligé de lui mentir, ce n’était vraiment pas contre elle. Il fallait pas qu’elle ouvre le dossier sinon …
- Non ce n’est pas ce que tu crois ! C’est le dossier de ma mère et je devais le …
Elle commença à lire à haute voix ce qu’il y avait d'écrit dedans.
- … Patient Alexis Hupicarne … atteint de la maladie de Promotheus Dixiogenèse Alpha … maladie qui ne peut que se traiter …
- C’est bon ...arrête..., Dis-je d’une voix tremblante.
- Donc c’était bien toi le patient atteint de cette maladie … je … Oppa, je suis désolé … mais n’abandonne pas maintenant, ta maladie est curable…
Je poussai un rire nerveux au moment où j’entendis ce mot « curable »...
- Curable tu dis ? C’est une blague, j’espère ? Il faudrait que je retrouve le seul être humain qui aurait un groupe sanguin complémentaire au mien … et ce qui reviens de chercher une personne parmi les sept milliards d'autre sur Terre ! Et que, même si par miracle je la trouvais, il faudrait que cette personne accepte de me faire ce don de sang et de moelle osseuse. Et puis, comment ça se fait que tu le sais ?
Je lui posai la question sans même vouloir vraiment la réponse …je ne comprenais plus rien… avec tout ce qui se passait … j’avais l’impression que plus rien n’avait de sens.
- C’est à cause d’une erreur. J’avais des examens à faire pour mon nouveau traitement pour ma pilule … et j’ai entendu les infirmières parler de cette maladie et du patient … à ce moment, je t’ai vu sortir de la pièce d’à coté et j’avais des doutes … puis Nonore m’a dit que t’avais des résultats d’examen à récupérer ce soir … quand je suis venue chercher mes résultats d’examen médical, je suis passée à côté de la pièce où tu étais et … j’ai entendu ton médecin, m'avoua-t-elle d'une voix qui devenait de plus en plus tremblante.
- C’est bon Chou’, ça va … , la rassurai-je en essayant de me convaincre en même temps.
- Non !! Non ça ne va pas Jason ! Il te reste que deux années à vivre ! Est-ce que tu sais ce que ça signifie ?!! Pourquoi est-ce tu ne réagis pas ?! Ces derniers temps t'as changé, t'es désagréable avec Soko’, Nonore se fait du soucis pour toi tu sais. Et tu nous parles presque plus, on te voit plus sur le forum, on s’inquiète pour toi ! Tout ça depuis …, me dit-elle en s’énervant.
Soudain, il commença à pleuvoir.
- … Depuis 2PM … Je sais que j’ai changé ! J’ai un peu zappé le forum mais tu vois j’ai mes raisons ! J’ai tant de questions sans réponses ! Et oui, t'as raison rien ne va ! Ma vie, mon monde, est en train de s’écrouler ! Mon avenir s’est effondré avant même qu’on me condamne ce soir ! J’étais déjà perdu avant de venir apprendre que j’avais cette foutu maladie ce soir ! Je ne contrôle plus rien et je ne sais même pas ce que je peux faire ! Et je vais mourir en poursuivant des études qui ne m’intéressent même pas ! », lui répondais-je, énervé. Je lui reprit en même temps le dossier des mains.
J’en pouvais plus, elle a voulut que je lui parle de ce que je ressentais, et bien voilà je lui avais dit. Maintenant, je n’avais plus envie d’en parler et je commençai donc à partir.
Les nuages grondèrent et la pluie s’intensifia.
« - Jason !!! Vivre ou Mourir … ! me lança-t-elle.
- Hein … Chou’ ? Me retournai-je, d’un air intrigué.
- Je t’ai demandé Vivre ou Mourir ?! Insista-t-elle en haussant le ton de sa voix.
- Où veux-tu en venir ? Tu crois que j’ai choisi de mourir ?!! Tu crois que j’ai le choix et que je le veux ?!
- Oui tu l'as choisi ! On a toujours le choix ! Le Jason que je connais n’aurait jamais abandonné, même si on lui avait annoncé qu’il mourrait dans deux jours ! Il aurait su relever la tête et vivre ses jours en souriant à la vie. Il aurait trouvé les réponses à ses questions lui-même par tous les moyens possibles ! Me reprocha-t-elle.
- Tu n’a pas le droit de me dira ça ! Sourire à la vie tu dis ?! Alors que la vie vient tout juste de me condamner ? Chou', on n’est ni dans un film ni un drama ! La réalité est tout autre !
- Qu’elle réalité ?! Celle où tu abandonnes tout ?!
Malgré la pluie je percevais ses yeux et ses larmes commençant a couler sur ses joues.
- Non celle avant même que cette maladie ne soit découverte. Je ne savais même pas ce que j’allais faire de mon avenir ! Ma vie n’avait aucun sens ! J’étais en train de subir des cours que je n’aimais pas, de me tromper de voie et de douter de moi ! Et j’avais tellement peur de la réaction de ma mère que je n’osais même pas lui parler de mon projet d’avenir que je rêvais de faire et que j’avais moi-même du mal à y croire !
- Oppa ! Pourquoi tu parles comme si t’étais déjà mort ?! Tu vas laisser les choses comme elles sont ? Personne ne prendra de choix à ta place, ni moi, ni tes amis, ni ta famille …. C’est ta vie ! Si tu veux faire quelque chose alors fais-le !, éclata-t-elle en sanglots tout en maintenant la colère dans sa voix.
- Chou', dans la vie, on ne peut pas toujours faire les choix qu’on veut, et ça je l’ai appris ce soir …
- Si tu peux ! Ne viens-tu pas à l’ instant de dire que tu avais un rêve ?!
- Oui, j’ai un rêve mais je ne sais même pas si à l’heure actuelle il est réalisable ou pas ! Même avant que mon temps soit compté !
- Je ne sais pas quel est ton rêve ... mais tu as deux ans devant toi ! Si tu n’essaies pas de réaliser ton rêve coûte que coûte, c’est dans le regret que tu mourras …
- Si ça pouvait être aussi simple, crois-moi, que je ferais tout pour ... Mais là, maintenant, j’ai besoin de temps pour réfléchir …
- Du temps ?! Mais du temps tu n’en a pas ! Pourquoi t’hésites tant ? T'as vraiment quelque chose à perdre maintenant ?! Un jour, tu me l'as dit toi-même … !
Elle était dur dans ses propos et j’avais déjà du mal à accepter ce qu’il se passait, toutefois elle n’avait pas tort. Pourquoi est-ce que je persistais à douter de moi … même maintenant ?
- Non, j’ai rien à perdre mais pour pouvoir réalisé mon rêve, mon but, j’ai besoin d’acquérir des compétences dans plusieurs domaines et qu’il est impossible que je les acquisse en un an, même dans mes rêves les plus fous ! Alors, qu’est-ce que j’aurais bien pu te dire pour que tu crois en quelque chose que moi-même je n’y crois pas ?!
- « rêve pas de ta vie mais vie tes rêves » ! Même ça, tu l’aurais oublié ?! Ou était-ce de simples mots ?!
Il eut un silence. À ces mots, mon corps entier se figea. J’eus un flashback, je vis défiler dans ma tête les événements les plus récents de ma vie. Je me rappelai précisément de ses mots aux lesquels je croyais corps et âme, et pourtant, je n’agissais pas en conséquence. C’est alors que tout devenu clair dans ma tête. C’était étrange … comme si en l’espace de quelques secondes tout prenait un sens !
- Jason …, reprit Chou', d’une voix plus calme.
- T'as raison Chou’ … Ce projet, ce rêve, n’est peut-être pas aussi irréalisable que je le pensais et pourra même apporter les réponses que je cherche … Ce qui me manquait c’était juste de la détermination. Et tu me l'a rappelée. Merci, lui dis-je d’un air assez serein.
Elle était étonnée, elle n’avait pas l’air de comprendre mon changement d’attitude si soudain, ce qui était tout à fait normal. Parce que moi-même, je commençais enfin à comprendre ce qui me restait à faire.
- Chou’, ne t’inquiètes plus. Je te promets que je vais redevenir le Jason que tu connaissais, et je ne ferais pas de chose qui te décevrons et ne sera plus le fautif de tes larmes. Mais là, il faut vraiment que j’y aille. Je t’appellerais au plus tard ce week-end, car j’aurais besoin de ton aide pour quelque chose.
- T'es sûr que ça va ? Euh … D’accord, il n'y a pas de soucis, tu m’appelle quand tu veux, me confia-t-elle encore un peu surpris.
- Encore une chose : s’il-te-plaît, promets-moi que pour ma maladie, tu ne le diras à personne. Je n’ai pas envie que les gens s’inquiètent ou qu’ils aient pitié de moi.
- C’est dur ce que tu me demandes de faire … ça veut dire que je devrais faire comme si tout se passait bien pour toi alors que ce n’est pas le cas …, m'avoua-t-elle avec un air inquiet.
- Je sais que ce n’est pas évident pour toi, mais je t’en supplie, j’ai pas envie qu’on s’inquiète pour moi. Je ne veux pas voir de personne triste à cause de moi comme ce soir. Je sais que c’est égoïste de ma part, mais je leurs dirais moi-même, quand le moment sera venu…, lui suppliais-je.
- D’accord … je te le promets … mais, toi, promets-moi que plus jamais tu abandonneras, me dit-elle en reprenant un petit sourire malgré la promesse que je lui avais demandé.
- C’est promis !
Je lui adressa alors un grand sourire et lui tendit mon petit doigt. D’abord, elle le regarda sans comprendre puis finalement comprit et l’agrippa avec le sien comme pour sceller notre promesse.
- Bon, faut que je file. Garde ton téléphone près de toi », lui conseille-je d’un air pressé en commençant à partir. Elle marmonna quelque chose que je ne pus entendre.
« - Tu mens ... ru seras forcément fautif de mes larmes dans deux ans … » souffla-t-elle.
J’allai à la pharmacie et présenta la prescription de mon ordonnance, demandant des doses pour deux ans, histoire de ne pas revenir tous les quatre matins. Au début, la pharmacienne refusa. Puis je lui expliqua ma situation qui, finalement, l’attendrit et elle me donna la dose que je lui avais demandé. Une fois cela fait, je rentrais chez moi.
J’étais heureux … Aujourd’hui, j’étais passé par beaucoup d’émotions : l’ennui des cours, la fatigue du Hip-hop, le stress, l’angoisse, le doute, la colère d’être condamné à mort … Mais seulement, Chou’ m’avait fait réaliser, ou plutôt rappeler, quelque chose : même si j’étais condamné... ma détermination, elle, ne l’était pas.
Et ce soir, j’avais pris ma décision : dans un an, je serais en Corée du Sud, et là-bas j’accomplirais mon but quoi qu’il m’en coûte … même si pour ça je dois risquer ma vie … pour le peu de valeur qui lui restait.